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Finances publiques

Budget : les deux scénarios qui pourraient changer la prévision de croissance

Le Budget 2013 table sur une croissance de 0,8% pour l'année prochaine. Hypothèse qui pourrait être malmenée par la conjoncture mondiale

Le Budget 2013 table sur une croissance de 0,8% pour l'année prochaine. Hypothèse qui pourrait être malmenée par la conjoncture mondiale - -

Selon Bercy, l’hypothèse de 0,8% de croissance pour 2013 ne tient pas compte des aléas positifs ou négatifs qui pourraient affecter l’économie mondiale. Le projet de budget prévoit deux scénarios qui modifieraient cette prévision.

Les scénarios de croissance ont ce défaut qui est de ne pas prévoir l’imprévu. Dans le rapport économique, social et financier, publié mardi 2 octobre, les experts de Bercy rappellent ainsi que la prévision de croissance de 0,8% pour 2013 du Budget repose sur des hypothèses fragiles : baisse des tensions en zone euro, reprise de la demande mondiale.

"Ce scénario n’intègre donc pas la réalisation de possibles aléas, baissiers ou haussiers, qui pourraient affecter l’économie mondiale" note le rapport.Il prévoit donc deux autres scénarios alternatifs, un "bas" (pessimiste) et l’autre "haut" (optimiste).

Avec une croissance de 1,1%

Le scénario optimiste part d’une embellie sur le Vieux Continent. Tablant sur une poursuite des mesures de soutien de la Banque centrale européenne, cette projection prévoit une accalmie sur le front de la dette souveraine des pays fragilisés de la zone euro.

Le Portugal, l’Italie, La Grèce, l’Espagne et l’Irlande connaitraient alors une baisse de leurs taux souverains, facilitant leurs emprunts sur les marchés financiers. Bercy parle de 1% de baisse sur les taux pour tous les pays (sauf la Grèce), sans toutefois indiquer sur quelles échéances obligataires porteraient ces baisses.

En parallèle, les entreprises profiteraient également de meilleures conditions de financement sur le marché de la dette. De ces deux facteurs positifs résulterait "un choc de confiance positif" qui se traduirait par une hausse de l’investissement des entreprises en zone euro.

Ce scénario se base aussi sur un rebond de l’investissement aux Etats-Unis qui serait dû à "l’orientation favorable de certains indicateurs domestiques, comme un taux record des marges des entreprises".

Ces chocs externes positifs feraient monter la croissance de la France à 1,1% en 2013. La hausse de la dette publique serait ramenée de 89,9% en 2012 à 90,9%.

Et avec une croissance de 0,5%

Ce second scénario, pessimiste, table sur la maîtrise du dérapage des finances publiques aux Etats-Unis. Soucieux de prendre des mesures pour ne pas faire éclater le plafond de la dette, Washington opérerait une consolidation budgétaire plus forte qu’anticipée. L’impact négatif pour le PIB américain serait de l’ordre de quatre points (contre une anticipation de deux points). Cette contraction budgétaire tirerait alors vers le bas la demande intérieure américaine, et donc la croissance de la première économie mondiale.

L’enchaînement est ensuite connu : un ralentissement économique de l’oncle Sam entraînerait une baisse de la demande mondiale, et plus particulièrement chez les pays émergents. Dans ce premier scénario, la demande intérieure des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) diminuerait ainsi de 2,5 points par rapport aux prévisions initiales.

Tous ces facteurs pèseraient sur les exportations françaises. La croissance du pays ne serait alors que de 0,5% (et non 0,8%). La dette publique grimperait de 89,9% à 91,8%.

Julien Marion