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Ces 75 milliards d'euros d'épargne forcée qui pourraient accélérer la reprise en France

Les ménages ont mis de côté 75 milliards d'euros durant les 8 semaines de confinement et les 8 semaines de déconfinement.

Les ménages ont mis de côté 75 milliards d'euros durant les 8 semaines de confinement et les 8 semaines de déconfinement. - Damien Meyer-AFP

Si elle était dépensée, l'épargne forcée accumulée par les ménages pourrait combler presque la moitié des pertes de l'économie française causées par la crise sanitaire, estime l'OFCE.

Les Français vont-ils réinjecter dans l'économie tout ou partie de l'épargne "forcée" qu'ils ont accumulée depuis 3 mois, pendant le confinement et lors du déconfinement qui a suivi ?

"La libération de cette épargne est déterminante pour la suite du scénario" explique l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) pour qui "les ménages ont accumulé 55 milliards d'euros d'épargne forcée pendant le confinement et 20 milliards supplémentaires pendant la période de déconfinement qui a suivi" et qui devrait atteindre un total de "75 milliards en l'espace de seize semaines", sur la période allant du 11 mars au 5 juillet 2020, selon une étude publiée ce vendredi.

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"La grande différence par rapport à la crise de 2008, c'est que les ménages ont accumulé pendant le confinement beaucoup d'épargne, avec une diminution plus forte de leur consommation que de leurs revenus", a expliqué le directeur de l'OFCE Xavier Timbeau, lors de la présentation d'une évaluation de l'impact économique du coronavirus, ce vendredi.

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- © OFCE

Pour ce dernier, ces 75 milliards d'euros sont à mettre en rapport avec les 165 milliards d'euros perdus par l'économie française pendant le confinement et le déconfinement, une dégringolade qu'il a qualifiée de "phénoménale". 

En effet cette perte de revenus de l'économie française a atteint 120 milliards d'euros durant les 8 semaines de confinement strict, et 45 milliards pour les 8 semaines de déconfinement qui ont suivi. Cette perte, équivalente à 6,6 points de PIB (cf tableau ci-dessus), se décompose en 14 milliards d’euros de revenus en moins pour les ménages et les entrepreneurs individuels (EI), de 54 milliards d’euros de revenus dans le compte des sociétés non financières et sociétés financières (SNF & SF) et de 96 milliards d’euros de dégradation des comptes des administrations publiques (APU).

L'utilisation de l'épargne forcée: déterminante pour la suite

"L'utilisation de cette épargne va être déterminante pour la suite", a affirmé le directeur de l'OFCE, soulignant qu'elle constitue "un élément clef de la reprise de l’activité au cours du second semestre 2020 et de l’année 2021".

La consommation intégrale de cette épargne permettrait de limiter à -3,4 points la perte de PIB (-6,6 points de PIB sinon) et à 1,9 point de PIB l'accroissement du déficit public (3,6 points de PIB sinon).

Pour l'OFCE, "la dépense de cette épargne forcée peut induire des bascules sectorielles". Mais des incertitudes persistent sur le recours à cette épargne dans les prochains mois par le consommateur français. D'autant qu'une partie de la population a subi des pertes de revenus, notamment chez les indépendants ou ceux dont le chômage partiel n'a pas entièrement couvert leurs revenus. 

Vers la constitution d'une épargne de précaution?

L'OFCE évoque, à propos de cette "manne" de 75 milliards d'euros mise de côté par les ménages, la possibilité qu'elle se transforme en épargne de précaution en raison des risques d'aggravation de la situation de l'emploi dans les mois à venir. 

"La répartition des 75 milliards (d'euros) d'épargne est inégale", a expliqué le directeur de l'OFCE, qui a rappelé que la crise pourrait s'aggraver en cas de deuxième vague de l'épidémie. "Dans un scénario macroéconomique catastrophique avec beaucoup de destruction d'emplois (...) et des faillites d'entreprises, il est probable que les ménages conservent au maximum une épargne de précaution", a-t-il expliqué.

"La précaution face à une situation très incertaine peut conduire à thésauriser", a-t-il ajouté. 

Frédéric Bergé avec AFP