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Cette petite phrase de Bruno Le Maire jugée "inacceptable" et "absurde" par le secteur des services

Le président du groupement des professions de services a vivement réagi à la déclaration du ministre de l'Economie, qui expliquait "ne pas faire le choix d'une économie de services".

C'est une déclaration qui passe mal. Dans son discours du 15 octobre dernier à propos du pacte productif, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire estimait que la France s'était trompée en faisant le "choix de la consommation plutôt que le choix de la production". Avant d'expliquer : "Nous pourrions très bien faire le choix d’une économie de services : devenir la plateforme financière et le pays des services en Europe. C’est le choix qu’ont fait les Britanniques avec Margaret Thatcher dans les années 1980 en libéralisant les marchés financiers et la bourse londonienne. Ce n’est pas le choix que nous faisons". 

En expliquant ne pas faire le choix d'une économie de services, le ministre a provoqué la colère du secteur et notamment de Christian Nibourel, président du groupement des professions de services.

Invité dans l'émission "12H, L'Heure H" sur BFM Business ce mardi, l'ancien patron d'Accenture s'étrangle: "Je pense que cette déclaration n'est pas acceptable. (...) Nous, on est d'accord sur la première partie [de cette déclaration, NDLR] c'est à dire de dire: 'oui il faut que la France soit un grand pays industriel'. Mais il faut aussi que la France soit une grande économie de services. Et c'est les deux, c'est pas le choix entre l'un et l'autre. Ne pas faire le choix d'une économie de services, c'est absurde dans le monde d'aujourd'hui. L'économie de services, c'est 65% du PIB mondial, c'est 50% des emplois. En France, c'est 70% du PIB et 10 millions d'emplois sur les 18 millions", et 80% de la création nette d'emplois.

"On ne peut pas à ce point cliver"

"Cette économie, elle est là, elle existe et elle travaille pour l'ensemble des acteurs de l'économie, que ça soit l'industrie, le commerce, le bâtiment, les travaux publics..." Très remonté, le groupement va publier ce mercredi une tribune dans la presse pour afficher son mécontentement: "on ne peut pas accepter ça (...) et on ne peut pas rester dans l'angle mort des politiques encore très longtemps. Car sinon, on va faire une erreur stratégique de développement", assène Christian Nibourel.

Et d'enfoncer le clou: "on ne peut pas à ce point cliver, on ne peut pas dire: je fais du tout industriel, comme le tout services n'aurait aucun sens. C'est bien les deux qui vont faire le développement de la France".

Le groupement qui tient ses assises cette semaine compte bien sur cet événement pour faire passer le message même si le locataire de Bercy brillera par son absence.

Olivier Chicheportiche