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Chantal Jouanno accuse le Medef d'avoir "planté" la taxe carbone

La secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno, qui ne digère pas le report sine die de la taxe carbone, accuse le Medef d'avoir "planté" cet impôt écologique, désormais subordonné à un dispositif similaire aux frontières de l'Europe. /Photo prise le 2

La secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno, qui ne digère pas le report sine die de la taxe carbone, accuse le Medef d'avoir "planté" cet impôt écologique, désormais subordonné à un dispositif similaire aux frontières de l'Europe. /Photo prise le 2 - -

Répétition du titre. PARIS - Chantal Jouanno, qui ne digère pas le report sine die de la taxe carbone, accuse le Medef d'avoir "planté" cet impôt...

Répétition du titre.

PARIS (Reuters) - Chantal Jouanno, qui ne digère pas le report sine die de la taxe carbone, accuse le Medef d'avoir "planté" cet impôt écologique, désormais subordonné à un dispositif similaire aux frontières de l'Europe.

Nicolas Sarkozy a confirmé mercredi que cette mesure-phare du budget 2010, censée entrer en vigueur le 1er juillet après avoir été censurée en décembre 2009 par le Conseil constitutionnel, était renvoyée à un hypothétique accord européen.

"C'est clair, c'est le Medef qui a planté la taxe carbone. Au nom de la compétitivité. Est-ce que le Medef s'est ému des 2 milliards de bonus distribués aux banques?", déclare la secrétaire d'Etat à l'Ecologie dans Libération, jeudi.

Chantal Jouanno, qui s'était déclarée "désespérée" par ce qu'elle considère comme un renoncement, met aussi en cause la responsabilité des "céréaliers intensifs".

Elle déplore la victoire de "la culture du pouvoir sur la culture de l'action".

Elle s'avoue tiraillée - "La politique aurait envie de démissionner et l'écologiste se dit qu'il faut se battre" - mais reste résolue à lutter pour le Grenelle de l'environnement.

"Il faut essayer quelque chose. Il me reste la parole. Je me ferai peut-être exploser mais ce n'est pas grave. Je vais juste parler vrai. Je préfère aller au bout", explique-t-elle.

"Je ne suis pas là pour faire de la provoc' mais porter la parole que l'écologie n'est l'otage d'aucun clan. (...) Quand ils seront lassés par moi, ils me diront d'aller voir ailleurs".

"UN CERTAIN NOMBRE DE LOBBIES"

Son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, a minimisé la portée de ces propos tout en concédant que l'écologie était aujourd'hui "prise en otage par un certain nombre de lobbies".

Les déclarations de Chantal Jouanno reflètent "le sentiment général que l'écologie est un peu aujourd'hui prise en otage par la petite politique", a-t-il commenté sur Europe 1. "Chantal est sous la déception, ce que je comprends".

"Il faut revenir à la magie du Grenelle. Il faut dépolitiser en partie ce sujet-là", a souligné le ministre de l'Ecologie.

"Je continue à faire ce rêve. J'appelle tout le monde à se ressaisir, l'écologie n'est pas un replâtrage de telle ou telle formation politique", a-t-il lancé.

Jean-François Copé, chef de file des députés UMP, qui réclamaient l'enterrement de la taxe carbone, s'est dit choqué par les commentaires de Chantal Jouanno.

"Je n'ai besoin de personne pour prendre mes responsabilités. Le fait de faire un lien avec le Medef me choque profondément", a-t-il déclaré sur BFM TV et RMC Info.

"Il s'agit d'un arbitrage qui a été rendu par le président de la République, par le Premier ministre, en liaison étroite avec les députés. Nous avons les uns et les autres considéré en conscience que notre engagement pour le développement durable (...) ne pouvait se réduire à la taxe carbone", a-t-il expliqué.

"Je n'accepterai pas qu'on mette en doute notre engagement écologique", a-t-il dit, rappelant que les députés UMP avaient voté le Grenelle I.

"Cette succession de déclarations qui met en cause nos choix, alors qu'ils ont été faits collectivement, commence à me fatiguer", a conclu Jean-François Copé.

(Sophie Louet)