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Chiffres du chômage: qui de l'Insee ou de Pôle Emploi dit vrai?

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Les statistiques publiées par l'Insee, ce jeudi 6 mars, ne vont pas dans le même sens que celles de Pôle Emploi. Alors inversion ou pas de la courbe du chômage ? En fait, aucune de ces deux institutions ne retranscrit fidèlement l'état du marché du travail.

François Hollande a-t-il réussi ou perdu son pari d’inverser la courbe du chômage en fin d’année? La réponse est non, si l’on en croit les chiffres mensuels publiés par Pôle Emploi. Le nombre de demandeurs d’emploi a en effet progressé de 0,5 % en novembre, de 0,3 % en décembre 2013, puis de 0,3% en janvier 2014. Sur un an, la progression est de 4,4 %, soit 139.200 chômeurs de plus.

Mais la réponse est oui, si l’on en croit l’Insee, qui mesure le chômage selon les normes du Bureau international du Travail (BIT). Selon les chiffres publiés ce 6 mars, le taux de chômage aurait atteint 9,8% en métropole (10,2% avec l'Outre-mer) au quatrième trimestre, en baisse de 0,1 point par rapport au trimestre précédent.

Alors où est la vérité? Rappelons le célèbre proverbe chinois:"quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde son doigt". Or, les deux statistiques montrent le doigt et pas la lune. Autrement dit aucune de ces deux mesures ne retranscrit fidèlement l’état de santé du marché du travail.

Des biais statistiques

Par exemple, le nombre d’inscrits à Pôle emploi est impacté par tout un tas de variables non économiques comme les radiations administratives. Le taux de chômage selon l’Insee, de son côté, peut baisser pour des raisons tout aussi artificielles. Pour être chômeur au sens de l’Insee, il faut, en effet, rechercher activement un emploi. Or beaucoup de seniors découragés, qui ont abandonné leurs recherches, ne figurent pas dans ses statistiques.

En fait, le meilleur indicateur de la santé du marché du travail, c’est de loin le nombre d’emplois créés chaque trimestre. Souvent, cet indicateur passe inaperçu car il est publié le même jour que le PIB qui attire davantage les feux des projecteurs.

Que disent les chiffres publiées mi-février? Sur l’ensemble de l’année, la tendance est restée négative avec 65.500 emplois détruits, selon l’Insee. Mais au quatrième trimestre, 14.700 créations d’emplois nettes ont été enregistrées, première hausse depuis le début de l’année 2012.

Une stabilisation du chômage

Cette amélioration est due essentiellement au regain d’embauches dans l’intérim, qui a enregistré une forte progression (+23.900 postes) sur les trois derniers mois de 2013.

Au final, ce faisceau de statistiques dessine un marché du travail encore fragile, sur lequel on peut quand même parler de stabilisation du chômage. Et c’est déjà une bonne nouvelle, parce que cette stabilisation est toujours une étape incontournable du retour à la confiance des ménages.

Emmanuel Lechypre