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Chômage : embellie en 2018 mais incertitudes à venir

Le gouvernement envisagerait de revoir les règles des allocations chômage des cadres supérieurs.

Le gouvernement envisagerait de revoir les règles des allocations chômage des cadres supérieurs. - PASCAL GUYOT / AFP

Baisse sensible de 1,1% au 4ème trimestre avec 42 000 inscrits en moins à Pole Emploi. Pas d'effet "Gilets Jaunes", en tous cas à ce stade.

Pôle emploi a recensé au 4ème trimestre en moyenne 3,676 millions de personnes en France entière inscrites en catégorie A (sans activité), son plus bas niveau depuis la mi-2014. Cette baisse succède à deux trimestres de légère progression (+0,2% au 2e et +0,4% au 3e). Et pour la première fois depuis la crise de 2008-2009, le nombre de demandeurs d'emploi en activité réduite (catégories B et C) est en baisse (-0,3%), signe d'une amélioration de la qualité de l'emploi. Au total, le nombre de personnes inscrites, avec ou sans activité, a diminué de 0,8% à 5,916 millions. Sur un an, la tendance à la baisse est confirmée, avec un nombre de chômeurs en catégorie A en diminution de 1,4%.
A ce stade, ces statistiques ne répercutent pas encore l'impact de la crise des "gilets jaunes", démarrée mi-novembre, alors que l'Insee a divisé par deux sa prévision de croissance (0,2 au lieu de 0,4%) pour ce dernier trimestre. La ministre du Travail Muriel Pénicaud avait indiqué début janvier que 58.000 personnes avaient été placées en activité partielle, s'inquiétant de "la fragilisation de l'emploi" dans les petits commerces et les PME. En dépit de ces incertitudes sur l'activité, françaises comme mondiales (Brexit, tensions commerciales, etc.), son homologue de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a maintenu jeudi une prévision de croissance à 1,7% pour 2019.

Baisse chez les jeunes, hausse chez les chômeurs de longue durée

Cette embellie du quatrième trimestre a bénéficié avant tout aux moins de 25 ans (-2,9% sur le trimestre). La baisse n'est en effet que de 0,2% pour ceux âgés de 50 ans et plus, qui sont aussi ceux qui sont le plus en longue durée. Le chômage de longue durée reste ainsi en hausse: en incluant les demandeurs d'emploi ayant exercé une activité, 2,648 millions étaient inscrits depuis plus d'un an. Un chiffre en hausse de 0,4% sur le trimestre et de 5% sur un an.

Pour s'attaquer à ce noyau dur, et atteindre son objectif lointain d'un taux de chômage de 7% à la fin du quinquennat (contre 9,1% au troisième trimestre 2018), le gouvernement table sur l'effort massif décidé sur l'apprentissage et la formation professionnelle, avec le plan d'investissement dans les compétences (PIC, 15 milliards d'euros d'ici 2022).

Réforme difficile de l'assurance chômage 

Les entreprises se plaignent en effet régulièrement d'avoir de plus en plus de difficultés à recruter, soit dans des secteurs qui attirent peu en raison de conditions de travail difficiles (bâtiment, hôtellerie-restauration...), soit dans des secteurs où la problématique est davantage liée à un manque de qualification (informaticiens...).

L'accompagnement du demandeur d'emploi et l'accélération de son entrée en formation font d'ailleurs partie des priorités des négociations en cours entre l'État, les partenaires sociaux et Pôle emploi sur les missions de l'opérateur public pour les trois prochaines années. En partant du constat que, plus tôt une personne est prise en charge à Pôle emploi, moins longtemps elle y restera. "Nous devons beaucoup progresser sur le diagnostic à l'entrée", a reconnu mercredi le directeur de Pôle emploi Jean Bassères. Lors du premier entretien d'un demandeur avec son conseiller, trois semaines après son inscription, "nous aimerions que le diagnostic soit plus important", a-t-il dit, préconisant d'y consacrer "deux demi-journées" au lieu de 45 minutes. Mais pour les syndicats, cela pose aussi la question des effectifs de l'opérateur, qui va perdre 800 postes cette année. 
Ces négociations, qui doivent s'achever début février, sont menées parallèlement à celles sur la réforme de l'assurance chômage, plus difficiles et récemment prolongées jusqu'au 20 février. Le gouvernement réclame aux partenaires sociaux à la fois des économies importantes (entre 3 et 3,9 milliards d'euros en trois ans), contestées par les syndicats, et une révision des règles, accusées de favoriser le recours aux CDD de courte durée (moins d'un mois) au détriment de l'emploi durable. Mais le patronat récuse catégoriquement tout projet de bonus-malus sur les contrats courts dont Emmanuel Macron a réaffirmé jeudi soir souhaiter qu'il "aille au bout".

La rédaction avec AFP