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Economie et Social

Un sommet sur le chômage des jeunes en Europe

Sur 26 millions de chômeurs dans l’Union européenne, 5 millions ont moins de 25 ans.

Sur 26 millions de chômeurs dans l’Union européenne, 5 millions ont moins de 25 ans. - -

Ce mardi se tient à Paris un sommet sur le chômage des jeunes en Europe. Sur 26 millions de personnes concernées, 5 millions ont moins de 25 ans.

Ce mardi, Paris accueille un sommet sur le chômage des jeunes en Europe. Il s’inscrit dans le prolongement des sommets de fin juin à Bruxelles et du 3 juillet à Berlin qui avaient décidé de consacrer une enveloppe de 6 milliards d’euros à ce problème. Sur 26 millions de chômeurs dans l’Union européenne, 5 millions ont moins de 25 ans. L’Europe, qui vieillit a besoin de jeunesse. Mais elle est incapable d’utiliser celle dont elle dispose. Il faudrait non pas mobiliser des crédits - 6 milliards représentent une somme dérisoire - mais changer radicalement l’approche de la politique de formation.

François Hollande réunit un sommet européen sur le chômage des jeunes. Y a-t-il urgence ?

En fait, on rejoue une pièce qui s’est déjà donnée sur ce sujet en juillet à Berlin. Au passage, le pays qui préside - la Lituanie - se débrouille plutôt pas mal dans l’organisation des réunions européennes.
Mais la forme importe peu quand le problème est profond. Et il l’est : le taux de chômage des moins de 25 ans en Europe dépasse les 25% et dans certains pays comme l’Espagne ou la Grèce il atteint ou dépasse 50%. Face à cela, l’Europe a décidé de mobiliser une enveloppe de 6 milliards en 2014 reconductible en 2015. Or pour beaucoup de spécialistes, nous sommes là à côté de la plaque. L’Europe qui vieillit et qui a besoin pour faire de la croissance de mobiliser le plus de main d’œuvre possible se révèle incapable d’y arriver.

Pourquoi ?

Il y a deux raisons à cela : on a cru résoudre le problème en donnant des diplômes à tout le monde. Résultat, cette inflation de diplômes qui coûte cher en dépenses d’éducation perturbe l’information des entreprises sur les compétences des jeunes. Quand tout le monde a le bac, il est impossible de faire la différence entre les divers postulants à une activité donnée.
Ajoutez à cela que, ayant un diplôme, beaucoup de jeunes s’attendent à des niveaux de rémunération que le marché du travail ne peut leur garantir.
La seconde raison est que, dès lors qu’il est difficile d’évaluer les compétences des jeunes entrant sur le marché du travail, il faudrait des formules plus souples dans les recrutements et dans les licenciements pour favoriser une logique de période d’essai assouplie. Malgré des avancées dans ce sens en Espagne notamment, voire en Italie, le marché du travail reste très contraint, notamment en France.

Les solutions ?

Rapprocher les formations de la réalité des entreprises : ce sont les entreprises qui embauchent. C’est vers elles qu’il faut se tourner. Les pays qui s’en sortent le mieux comme l’Allemagne ou l’Autriche sont ceux qui ont développé l’apprentissage et organisé des liens entre formation initiale et entreprises. En revanche, en France, nous avons les ineffables « emplois d’avenir » qui sont dans le secteur public et maintiennent les jeunes éloignés des entreprises. Il faut ensuite probablement accepter ce qui commence à se faire en Espagne et en Grèce : des périodes d’essai plus longues avec des salaires au départ minorés, sachant qu’une fois le pied mis à l’étrier, les perspectives salariales s’améliorent.
La pire chose qui puisse arriver à l’Europe, c’est que le chômage de ses jeunes commence à diminuer selon les modalités que l’on constate en Grèce, c'est-à-dire par exil en Australie et aux Etats-Unis. C’est une perte de richesse que nous ne pouvons pas nous permettre.

Jean-Marc Daniel