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Economie et Social

Chômage : une baisse des charges, pas des emplois aidés !

Retrouvez les coulisses de l'économie avec Jean-Marc Daniel à 7h50.

Retrouvez les coulisses de l'économie avec Jean-Marc Daniel à 7h50. - -

Les chiffres du chômage pour juillet ont été publiés mardi et confirment la situation dégradée de l’emploi. Le pari de François Hollande d’inverser la tendance paraît illusoire, estime notre chroniqueur Jean-Marc Daniel dans les coulisses de l'économie.

La hausse se poursuit, ce qui fait que nous sommes au 27e mois consécutif d’augmentation. Certes, on peut néanmoins considérer que nous sommes sur un palier. En mai, le chômage avait semblé se stabiliser même si une partie de ce résultat était dû à des révisions de fichiers et donc à des arguties statistiques. En juin, nous avions assisté de nouveau à une dégradation assez sensible, comme une correction de la bonne nouvelle de mai. Et en juillet, les 6 300 demandeurs de plus confirment plutôt une stabilisation de la situation. Avec quand même 10% de chômeurs en plus par rapport à juillet 2012. En résumé, les chiffres de la croissance sont d’ailleurs là pour le confirmer, on peut dire que la détérioration de notre économie est derrière nous. De là à dire que nous sommes sur la voie de la reprise, il y a encore un pas à franchir.

Évidemment, quand on voit ces chiffres, la question qui vient à l'esprit porte sur la possibilité d'une inversion de tendance conforme aux discours et engagements du président de la République...

En fait, le président de la République raisonne par référence au cycle économique. L’économie française est cyclique, c'est-à-dire qu’elle passe par des périodes de récession puis d’accélération de la croissance. Concrètement, en 1993, la France a connu la récession, le chômage a monté pratiquement sans discontinuer jusqu’en 1997. Puis la tendance s’est retournée pendant 3 ans. Nous avons connu une récession en 2009. Si l’histoire se répète, la tendance doit bel et bien se retourner quatre ans après 2009, c'est-à-dire à la fin de cette année. Le problème pour François Hollande est que l’économie ne fonctionne pas comme une horlogerie suisse et la répétition à l’identique des événements des années 90 n’est pas acquise.

Est-ce que le gouvernement a raison de se réjouir ?

Oui et non. Il compte bénéficier de l’inversion cyclique de la tendance. Il est convaincu d’améliorer la situation en complétant par du traitement social du chômage. Ces temps-ci, ce traitement social s’appelle les emplois d’avenir. A ce jour, d’après Michel Sapin, on en compte 50 000. Le but est de donner une occupation aux quelque 150 000 personnes supplémentaires que la jeunesse relative de notre population met sur le marché du travail. Il y a là en fait un véritable gaspillage. Nous faisons des efforts importants de formation, nous avons par rapport à l’Allemagne la chance d’avoir une population jeune et nous ne l’utilisons pas. On ferait mieux d’économiser les sommes ainsi mobiliser pour réduire les impôts des entreprises.
La vraie solution plutôt que de se fixer des objectifs à court terme inaccessibles, ce serait de mener une action de longue durée en faveur des entreprises pour utiliser cette population jeune, qui devrait être une chance pour nous et qui est vécue comme un problème. Et comme ce sont les entreprises qui créent les emplois productifs dont nous avons besoin, la vraie action doit être non pas de créer des emplois d’avenir mais de mettre les entreprises en situation de mobiliser cette main d’œuvre à fort potentiel. 

Jean-Marc Daniel