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Christine Lagarde à Berlin pour une première franco-allemande

Christine Lagarde sera ce mercredi la première ministre étrangère à assister à un conseil des ministres allemands, une occasion de resserrer les liens entre Paris et Berlin après d'âpres tractations sur la Grèce. /Photo prise le 24 mars 2010/REUTERS/Vince

Christine Lagarde sera ce mercredi la première ministre étrangère à assister à un conseil des ministres allemands, une occasion de resserrer les liens entre Paris et Berlin après d'âpres tractations sur la Grèce. /Photo prise le 24 mars 2010/REUTERS/Vince - -

par Jean-Baptiste Vey PARIS - Christine Lagarde sera ce mercredi la première ministre étrangère à assister à un conseil des ministres allemands, une...

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - Christine Lagarde sera ce mercredi la première ministre étrangère à assister à un conseil des ministres allemands, une occasion de resserrer les liens entre Paris et Berlin après d'âpres tractations sur la Grèce.

Le conseil sera consacré au projet allemand de taxer les banques pour financer d'éventuelles restructurations bancaires et à la confrontation des visions allemande et française sur cette taxe pour la porter au niveau européen.

Cette visite a lieu juste après l'accord sur la Grèce, fruit d'un compromis entre les deux premières puissances de l'euro après des semaines de négociations qui pourraient laisser des traces durables en Europe.

Elle intervient par ailleurs deux semaines après que la ministre française de l'Economie a causé l'émoi à Berlin en suggérant que l'Allemagne pénalisait ses voisins en préférant trop l'exportation à la consommation, et qu'elle devait changer.

"Ces dernières six à huit semaines, on a vu le couple franco-allemand dans des moments difficiles mais aussi dans des moments, in fine, productifs", estime Thomas Klau, un spécialiste des relations franco-allemandes.

"On a vu que le couple n'est pas mort, loin de là. Toute l'Europe a constaté que c'est un couple qui n'a pas la vie conjugale facile mais qui reste absolument essentiel."

Selon cet expert du centre de réflexion European Council on Foreign Relations, l'accord sur la Grèce permettra à la visite de se faire "dans un cadre européen et un cadre franco-allemand beaucoup plus favorable qu'il y a dix jours ou deux semaines".

"ON SE CONNAÎT TROP MAL"

La visite de Christine Lagarde à Berlin sera suivie de celle de son homologue allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, au conseil des ministres français, a priori le 7 avril.

Dans l'entourage de la ministre de l'Economie, on voit dans ces échanges "un symbole très fort d'une volonté d'avancer ensemble".

Ces visites ont été rendues possibles par le conseil ministériel franco-allemand du 4 février, lors duquel les pays ont convenu de coordonner leur stratégie de sortie de crise et de préparer ensemble les rendez-vous économiques internationaux.

Malgré ces décisions, on s'inquiète à Paris de la tiédeur actuelle des relations avec Berlin, même si les hauts - la marche vers l'intégration européenne sous l'impulsion du couple Helmut Kohl-François Mitterrand - et les bas - l'opposition française à la réunification allemande - ont toujours existé.

"Il y a une réticence du côté allemand. On ne prend pas le chemin d'une véritable relance de la relation", expliquait récemment un ministre français ayant requis l'anonymat.

"Il faut sortir les Allemands de l'idée que l'objectif (français) de la relation avec l'Allemagne c'est de la garder en position d'infériorité", ajoutait-il. "Pas de franco-allemand, ça veut dire pas d'Europe."

PARIS POUR UNE TAXE ALLANT AU BUDGET

Pour Thomas Klau, une meilleure connaissance réciproque "éviterait bien des malentendus et bien des bêtises".

"On se connaît trop mal. Il y a peu de gens à Paris qui connaissent réellement le débat en Allemagne et il y a peu de gens en Allemagne qui connaissent réellement le débat en France", ajoute-t-il.

La visite de Christine Lagarde à Berlin, "c'est une rencontre très importante si elle marque le début d'un processus qui mène réellement à une meilleure compréhension mutuelle et une meilleure connaissance de l'autre".

"Si ça reste protocolaire, poli et superficiel, c'est bien, mais ça sera une note de bas de page dans l'histoire de la décennie", poursuit-il.

Paris et Berlin s'accordent sur la nécessité d'une taxe sur les banques pour prévenir d'éventuelles nouvelles crises mais Paris préfèrerait que son produit aille à l'Etat.

"On penche plutôt pour une taxe qui alimenterait le budget général, ce qui réduit aussi l'aléa moral", a déclaré mardi à des journalistes un responsable français au fait du dossier.

"Si la logique est de peser sur les activités les plus risquées des banques, on taxerait alors le 'trading book' ou les actifs pondérés par les risques : nous partageons cette logique", a-t-il ajouté.

Avec la contribution d'Yves Clarisse, édité par Sophie Louet