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Comment dynamiser son patrimoine et limiter les risques en 2019 ?

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Pour contrer les effets de l’inflation et booster la rentabilité d’un placement, il convient d’augmenter sa prise de risques, quitte à bloquer une partie de ses économies durant quelque temps.

Qu’il soit question de capitaliser en vue de transmettre un patrimoine, de se constituer un complément pour la retraite, ou tout simplement d’accroître les rendements de placements… Les investisseurs ont la possibilité de donner une toute autre dynamique à leur épargne sans pour autant jouer à la roulette russe.

Une fois n’est pas coutume, tout cela dépend de leur appétence au risque et des fonds dont ils disposent. Et ce n’est pas parce que la conjoncture économique de ce début d’année se révèle maussade et que la guerre commerciale sino-américaine joue les prolongations qu’il importe de mettre un coup de frein sur l’investissement. En tous cas pas de l’avis de Patrick Janel, Responsable de la Gestion Privée au sein d’Equance.

Toutes précautions prises, quels sont les produits d’investissement qui peuvent, selon vous, se révéler rentables en 2019 ?

Patrick Janel : Il convient, avant toute chose, de connaître l’objectif de la personne qui souhaite investir ainsi que la durée pendant laquelle elle est prête à économiser. Si l’investisseur dispose d’un objectif à court terme (c’est-à-dire à moins d’un an), il ne sera, en effet, pas simple de faire grand-chose, si ce n’est d’opter pour des produits classiques comme les Livrets mais qui ne rapportent rien et qui génèrent, en plus, un risque de perte en capital compte tenu de l’inflation.

Si un investisseur dispose, en revanche, d’un objectif à moyen terme (5 ans), la donne devient alors sensiblement différente. En structurant bien leur contrat, les investisseurs peuvent se diriger vers l’assurance vie ou des produits de capitalisation. Pour ce qui concerne l’assurance vie par exemple - et selon le profil de risque de la personne qui investit - il peut se révéler intéressant de structurer son assurance vie en équilibrant les risques avec 40% de fonds en euros par exemple.

Pour un profil plus agressif, opter pour 20% de fonds en euros et déterminer, à partir de là, une partie unité de compte avec des fonds immobiliers peut également s’avérer judicieux. Ce d’autant plus que les fonds immobiliers ont l’avantage non négligeable d’être confrontés à une volatilité nettement moins importante que les fonds actions. Pour le coup, il s’agit d’un objectif à assez long terme.

Et si un investisseur souhaite prendre un peu plus de risque, il peut aussi jouer la carte du PEA. Si elle est votée, la loi Pacte pourrait permettre aux investisseurs de conserver leur plan d'épargne en actions, même en cas de retrait partiel après 5 ans. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Enfin, dans le cas où un investisseur peut se permettre d’investir à long terme, c’est-à-dire au-delà de 8 ans, il a tout intérêt à acheter de l’immobilier en direct. S’il ne souhaite pas opter pour de l’investissement locatif afin d’éviter la gestion des locataires notamment, le fait d’acheter des parts de SCPI peut se révéler tout à fait opportun. Il convient simplement de bien conserver à l’esprit que le capital n’est pas garanti et que la valeur du bien peut effectivement varier au fil du temps. Le fait est que la volatilité de ce type de placement s’avère très faible. Sans compter que, comme pour un portefeuille d’investissement, il est tout à fait possible de diversifier les SCPI. Quitte à se tourner vers des SCPI européennes.

Le fait, par exemple, d’investir en Allemagne revêt un avantage fiscal non négligeable pour les Français. Pourquoi ? Parce que l’impôt est déjà prélevé à la source par l’intermédiaire de la société de gestion. Aussi, pour éviter la double imposition, les résidents français profitent d’un crédit d’impôt qui s’avère intéressant, notamment au niveau des prélèvements sociaux, car ils sont totalement effacés par ce crédit d’impôt

Dans l’absolu, le plus important c’est de bien observer les conventions fiscales instaurées entre la France et les autres pays dans la mesure où le traitement des loyers peut sensiblement varier.

L’autre possibilité d’investissement cette année, c’est aussi de se tourner vers le Private Equity (les entreprises non cotées). Pour celles et ceux qui disposent d’un horizon à long terme, les perspectives de rendement sont particulièrement intéressantes (plus de 10%). Le seul bémol tient au fait que le ticket d’entrée est assez élevé. A savoir : 100 000 euros. Il ne faut pas non plus que cet investissement constitue plus de 5% d’un patrimoine. Auquel cas, cela peut s’avérer dangereux. Il ne s’agit donc clairement pas d’un placement ouvert à toutes les bourses.

A l’inverse, quels sont les produits financiers à éviter cette année ?

Si l’on raisonne à court terme, le fait de réaliser d’un coup un placement uniquement action, compte tenu de la très forte volatilité des marchés, me semble peu judicieux. Mieux vaut ne pas trop s’y risquer.

Sur le volet immobilier, si l’investisseur possède un horizon à long terme, aucun problème. Mais attention cependant à l’immobilier à Paris où le marché a grimpé très rapidement ces dernières années. L’effet Brexit participe, d’ailleurs, à cette hausse des prix. Mais attention au retour de bâton dans quelques années. C’est également le cas de Bordeaux où les prix ont très vite augmenté. Pour le coup, il est nécessaire de bien observer les villes où l’immobilier n’a pas encore trop décollé, de vérifier, comme chacun le sait, l’emplacement et de voir quelles sont les infrastructures (de transports notamment) qui se créent autour du bien visé.

A quelles fluctuations boursières faut-il s’attendre en 2019 ?

Je n’ai pas de boule de cristal, mais ce qui est certain en revanche, c’est qu’un investisseur anticipe toujours. S’il voit que les objectifs augmentent, il va acheter, s’il voit qu’ils diminuent, il va avoir tendance à vendre. Il faut bien comprendre qu’en général, la stratégie des investisseurs est toujours spécifique.

Sur le volet conjoncturel, je dirais que si la Chine et les Etats-Unis parviennent à trouver un accord, l’euphorie pourrait se poursuivre.

En ce qui concerne la remontée des taux opérée par la Fed, celle-ci a, pour l’heure, très bien été menée. Le risque en Europe avec la BCE, c’est que le marché a été inondé de liquidités. Toute la question consiste donc à savoir quand l’instance va décider de fermer le robinet et de voir comment les marchés réagiront à ce moment-là. Il est clair que la remontée des taux d’intérêts doit être opérée de manière progressive.

Autre interrogation : lorsque Donald Trump aura réglé le cas de la Chine, ne s’attaquera-t-il pas à l’Europe ? C’est possible et cela a déjà commencé d’ailleurs. Pour le coup, le pays qui risque d’être en première ligne et d’en subir les répercussions, c’est bel et bien l’Allemagne. La guerre commerciale sino-américaine commence à freiner sa croissance économique et si le président américain venait à instaurer des droits de douanes de 20 à 25% sur les automobiles européennes notamment, l’Allemagne, qui assemble chaque année des milliers voire des millions de véhicules dans des usines américaines et importe, de ce fait, une grande partie de ses équipements, se retrouverait dans une posture plus que délicate. Or, lorsque l’Allemagne est en difficultés, ses voisins européens lui emboîtent généralement le pas.

Julie COHEN-HEURTON