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Finances publiques

Comment l'armée va récupérer du cash pour boucler son budget 2015

François Hollande à bord du Charles-de-Gaulle, le 14 janvier, a annoncé la mise en place de nouveaux financements pour la Défense

François Hollande à bord du Charles-de-Gaulle, le 14 janvier, a annoncé la mise en place de nouveaux financements pour la Défense - Anne-Christine Poujoulat-AFP

Lors de ses voeux aux armées, le chef de l'Etat a annoncé que les effectifs militaires baisseraient moins que prévu en raison de la menace terroriste. Il a aussi confirmé la mise en place de "sociétés de projet" aux capitaux en partie privés qui vont louer des équipements à la Défense.

Face à la menace terroriste, François Hollande a décidé de renforcer les moyens militaires français. Lors de ses voeux aux Armées, mercredi 14 janvier, à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, le chef de l'Etat a affirmé vouloir "revoir le rythme de réduction des effectifs", qui devait initialement baisser de 24.500 hommes d'ici à 2017.

Il présidera, mercredi 21 janvier, un Conseil de défense à l'issue duquel il annoncera ses décisions en la matière. Elles impacteront nécessairement le plan d'économies publiques de 50 milliards d'euros prévues d'ici à 2017. 

Crédit revolving militaire

Mais le chef de l'Etat a fait une seconde annonce: il a confirmé la création de "sociétés de projet". En pratique, ces sociétés disposeront d'un capital mi-privé mi-public grâce au futur produit de cession de participations de l'Etat dans des entreprises publiques.

Elles utiliseront ce capital pour acheter à la Défense des matériels existants ou en cours de fabrication puis lui concéderont "un droit d'usage" contre un loyer. Elles pourront également louer certains matériels à des armées étrangères. 

Il s'agit en fait d'une sorte de "crédit revolving avec un loyer payé sur plusieurs mois", selon la formule du Délégué général pour l'armement, Laurent Billon. La première société de ce nouveau genre devrait être opérationnelle à l'été prochain. Pourtant, aucune étude sur le coût final d'un tel mécanisme n'a pour l'instant été rendu public.

Presque tous les équipements militaires pourraient être concernés à court terme, aussi bien les Airbus 400M de transport en cours de livraison que les nouvelles frégates multi-missions (FREMM) commandées par la marine. 

Compenser les recettes manquantes

L'idée de ce type de financement, qui s'apparente à un partenariat public-privé, n'est pas nouvelle. C'est ce qu'a d'ailleurs rappelé le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, fin octobre lors de l'examen du budget 2015. Déjà le gouvernement Fillon voulait, en effet, la mettre en oeuvre.

Mais aujourd'hui, il y a urgence. Pour "tenir" l'objectif de 31,5 milliards d'euros de budget militaire 2015 "sanctuarisé" par François Hollande, il était prévu 2,3 milliards de recettes dites "exceptionnelles". Il s'agit en fait des produits de cession d'immeubles ou de terrains militaires, pour 200 millions, mais surtout des fréquences hertziennes jadis utilisées par l'armée. Une vente estimée à 2,1 milliards. Malheureusement, les candidats à l'acquisition ne sont pas légion.

Si bien que les recettes exceptionnelles ne permettront pas de boucler le prochain budget, ni sans doute celui de 2016. La vente rapide de matériels devrait compenser ce manque à gagner. C'est du moins le pari de l'Elysée et du ministre de la Défense.

La Défense française en chiffres

> 179 milliards d'euros de dépenses sur la période 2014/2019, soit 1,9% du PIB par an

> 31,4 milliards d'euros de budget en 2015 dont 2,3 milliards de recettes exceptionnelles

> 1,12 milliard de coût des opérations extérieures 2014

> 265.800 militaires et civils au ministère en 2015

> 24.500 suppressions d'emplois prévues d'ici à 2017 dont 7.500 en 2015