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Congé parental: une femme sur deux réduit ou arrête temporairement son activité professionnelle

La maternité affecte davantage la carrière des femmes que celles des hommes. Ces derniers ne sont que 12% à modifier leur implication professionnelle après la naissance d'un enfant.

La maternité affecte davantage la carrière des femmes que celles des hommes. Ces derniers ne sont que 12% à modifier leur implication professionnelle après la naissance d'un enfant. - Mychèle Daniau - AFP

En France, 55% des femmes s'arrêtent de travailler ou réduisent leur temps de travail au delà de leur congé de maternité à la naissance d'un enfant. Un frein pour les carrières, alors que seuls 12% des pères modifient leur temps d'activité. Ces chiffres mettent en lumière la nécessité de construire de nouvelles places de crèches et expliquent les tensions provoquées par la réforme gouvernementale du congé parental.

98% des pères ne prennent pas de congé parental à temps plein (contre 72% chez les femmes). Et 46% assurent que cette option ne les intéresse pas a priori (25% des mères). Ces chiffres issus d'une étude de l'Insee montrent bien les disparités qui existent dans un couple lorsque naît un enfant. Chez de nombreuses femmes encore, la maternité apparaît comme un frein à la carrière professionnelle.

Une inégalité citée récemment par le gouvernement, lorsqu'il a été décidé de modifier la durée des congés parentaux: la durée maximale de trois ans, accordée à partir du deuxième enfant, ne sera à l'avenir offerte que si "chaque parent recourt intégralement au congé", indique le journal La Croix.

BFMBusiness.com revient pour vous sur cette étude, qui éclaire le débat actuel et qui met en lumière la problématique fondamentale du développement des modes de garde des enfants.

12% des pères modifient leur temps d'activité

En France, dans un couple, c'est la femme qui s'arrête de travailler quand naît un enfant. Plus de 50% des mères d'enfants de moins de huit ans se sont arrêtées de travailler après la naissance de ceux-ci ou ont réduit temporairement leur temps de travail, c'est-à-dire au moins un mois au-delà de leur congé de maternité. Les pères, eux, ne sont que 12% à avoir modifié leur temps d'activité au delà de leur congé de paternité. 

Quand on regarde ces chiffres plus en détail, on s'aperçoit que les disparités sont grandes. 37% des femmes interrompent leur activité professionnelle pendant au moins un mois. Les pères, eux ne sont que 5% à le faire.

Les hommes préfèrent simplement réduire leur temps de travail: ils sont 9% à le faire quand naît leur enfant. Paradoxalement, les femmes qui ne font que réduire leur temps de travail sont moins nombreuses que celles qui s'arrêtent (31% contre 37%). 

Des différences entre salariées du public et du privé

Cette différence d'implication pourrait s'expliquer par des raisons financières. En France, seule une femme sur quatre gagne plus que son conjoint, selon l'Insee. Un argument qu'avaient notamment mis en avant les opposants à la réforme gouvernementale du congé parental: vouloir forcer le père à prendre son congé pourrait handicaper financièrement certains ménages. 

Récemment, Marlène Schiappa, fondatrice de l'association Maman travaille, affirmait à BFMBusiness.com que pour remédier à ce problème, la réforme prioritaire à mener était celle de la construction de places de crèches supplémentaires. "Il en manque en 300.000 et 500.000", avait-elle affirmé.

D'autres disparités existent. Les mères titulaires d'un diplôme supérieur à bac+2 ont tendance à moins interrompre leur activité que celles qui ont un niveau CAP-BEP ou inférieur (47% contre 29%). Cela s'explique, selon l'Insee, par une perte de salaire moins forte et par les économies réalisées sur les frais de garde, les frais de transports... Une différence existe également entre les salariées du privé et les salariées du public.

Les Françaises s'arrêtent moins que les autres en Europe

Si des voix s'élèvent en France pour permettre aux mères d'avoir moins recours au congé parental afin de le partager avec les hommes, il faut savoir que les Françaises s'interrompent moins que bon nombre de leurs homologues européennes.

Cela s'explique par les différences de législation du congé parental entre pays, mais aussi par la qualité en matière d'offres de modes de garde. En Suède, il n'existe ainsi pas de structure d’accueil des enfants de moins d'un an. En revanche, l'indemnisation du congé parental y est proportionnelle aux revenus (comme en Allemagne et en Italie), indique l'Insee. L'indemnisation est forfaitaire en France et en Belgique, alors qu'en Espagne et au Royaume-Uni, le congé parental n'est pas du tout rémunéré. 

Ainsi, les Suédoises mères d'enfants de moins de huit ans sont 75% à interrompre leur activité pendant au moins un mois en dehors du congé parental. En Espagne, elles ne sont que 17%. Autant de chiffres qui démontrent l'impact de la politique familiale d'un pays sur ses femmes actives et qui expliquent le débat houleux de ces dernières semaines.

Maxence Kagni