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Le Cor dit que jouer sur le départ à la retraite ne suffira pas

D'après les simulations du Conseil d'orientation des retraites (Cor), jouer sur le report de l'âge de départ à la retraite ne suffira pas à équilibrer le régime général des pensions, quel que soit le levier utilisé. /Photo d'archives/REUTERS/Kirsten Neuma

D'après les simulations du Conseil d'orientation des retraites (Cor), jouer sur le report de l'âge de départ à la retraite ne suffira pas à équilibrer le régime général des pensions, quel que soit le levier utilisé. /Photo d'archives/REUTERS/Kirsten Neuma - -

PARIS - Jouer sur le report de l'âge de départ à la retraite ne suffira pas à équilibrer le régime général des pensions, quel que soit le levier...

PARIS (Reuters) - Jouer sur le report de l'âge de départ à la retraite ne suffira pas à équilibrer le régime général des pensions, quel que soit le levier utilisé, montrent des simulations du Conseil d'orientation des retraites (Cor).

Ces simulations, rendues publiques mardi, complètent le rapport publié le 14 avril par le Cor, instance qui associe partenaires sociaux, parlementaires, représentants de l'Etat et experts, sur les scénarios des déficits des retraites aux horizons 2015, 2020 et 2050

Lors d'une réunion, lundi, avec les partenaires sociaux, le président Nicolas Sarkozy a dit qu'il n'était pas "souhaitable" de toucher au niveau des pensions ou de relever les cotisations pour assurer l'avenir des retraites .

Restent donc deux leviers pour cette réforme que Nicolas Sarkozy veut voir adoptée à l'automne: l'augmentation de la durée d'assurance requise pour une retraite à taux plein et le report des âges légaux de départ et de pension à taux plein - ce que le chef de l'Etat a qualifié de "réponses démographiques".

C'est précisément l'utilisation de ces deux leviers qu'étudie le Cor, tout en précisant que ses simulations n'ont qu'une vocation "illustrative" et "ne constituent en rien des pistes de réforme".

Ces simulations, qui concernent essentiellement le régime de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV), donnent trois types de résultats, selon le curseur utilisé.

1) AUGMENTATION DE LA DURÉE DE COTISATION

L'augmentation progressive de la durée d'assurance requise pour une retraite à taux plein de 41,5 ans en 2020 à 43,5 ans en 2050 n'améliorerait le solde de la CNAV que de neuf milliards d'euros en 2050, soit environ 15% du besoin de financement estimé à 64 milliards d'euros.

Ces effets s'ajouteraient à ceux de la hausse de la durée requise de 40 ans en 2008 à 41,5 ans en 2020, estimés à 10 milliards d'euros en 2050.

Ce scénario aurait pour effet secondaire de réduire la pension moyenne, selon le Cor.

2) AUGMENTATION DES ÂGES LÉGAUX

L'augmentation progressive, à raison d'un trimestre par an, de l'âge d'ouverture des droits de 60 à 63 ans et de l'âge du taux plein de 65 à 68 ans génèrerait des gains plus rapides.

Le solde de la CNAV s'améliorerait ainsi de 17 milliards d'euros en 2030, soit près de 50 % du besoin de financement estimé à 35 milliards d'euros pour cette année-là.

A plus long terme, la hausse des âges légaux conduirait à une légère hausse de la pension moyenne, dans la mesure où des assurés contraints de reporter leur retraite pourraient de ce fait acquérir davantage de trimestres.

Du coup, le solde de la CNAV ne serait amélioré que de 18 milliards d'euros en 2050, soit 27% du besoin de financement.

3) COMBINAISON DES DEUX LEVIERS

La combinaison d'une hausse de la durée de cotisation à 43,5 ans en 2050 et d'une augmentation des âges légaux (de 60 à 63 ans et de 65 à 68 ans) conduirait à un cumul des effets.

Pour le régime général de la CNAV, le solde serait amélioré de 17 milliards d'euros en 2030 (50% du besoin de financement) et de 23 milliards en 2050 (36% du besoin de financement).

Le COR a également conduit des "tests de sensibilité", consistant notamment à faire évoluer la durée de cotisation au-delà de 43,5 ans, à augmenter les âges légaux de plus de trois ans ou à dissocier les évolutions de l'âge d'ouverture des droits et de l'âge du taux plein.

Les gains, plus importants, restent cependant, là aussi, très insuffisants pour combler à eux seuls les besoins de financement prévus.

Pour la fonction publique d'Etat, l'impact des différentes variantes serait plus faible en raison d'une évolution des effectifs et de l'emploi différente de celle du secteur privé, écrit le Cor dans cette étude.

Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse