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Finances publiques

Cour des comptes: les attentats ne justifient pas plus de dépenses

La Cour des comptes estime que maîtriser les dépenses publiques revient à "préserver" la capacité de la France à "faire des choix souverains".

La Cour des comptes estime que maîtriser les dépenses publiques revient à "préserver" la capacité de la France à "faire des choix souverains". - Daniel Janin - AFP

L'institution de la rue Cambon, qui opérait sa rentrée officielle ce mardi, a remonté les bretelles du gouvernement. Pour son président Didier Migaud, le déficit doit se réduire, en dépit des attentats.

Pas de répit dans la lutte contre la dette. Le premier président de la Cour des comptes Didier Migaud a appelé mardi à maîtriser les dépenses publiques, malgré les mesures annoncées après les attentats du 13 novembre, afin de "préserver" la capacité de la France à "faire des choix souverains".

"Les circonstances exceptionnelles que nous vivons ont révélé plus fortement encore qu'auparavant la nécessité pour notre pays de préserver sa capacité à anticiper les menaces et y faire face", a déclaré Didier Migaud, à l'occasion de l'audience solennelle de rentrée de la Cour des comptes.

Or "la capacité de la France à procéder à des choix souverains de politique publique reste entravée par la situation des finances publiques", a ajouté l'ancien député socialiste, en présence de la ministre de la Justice Christiane Taubira et du secrétaire d'État au Budget Christian Eckert.

Un rythme d'économie "trop lent"

"C'est pour cette raison que la France doit veiller à ne pas s'écarter de sa trajectoire de maîtrise des dépenses", a-t-il poursuivi, en regrettant que la réduction de la dette publique se poursuive à un rythme "trop lent" par rapport aux autres pays européens. 

La France a annoncé après les attentats du 13 novembre une série de mesures sécuritaires, dont la création de 5.000 postes de policiers et gendarmes. Ces dépenses supplémentaires ont été évaluées par le gouvernement à 750 millions d'euros pour l'année 2016.

En annonçant ces mesures, François Hollande avait estimé que "le pacte de sécurité" l'emportait "sur le pacte de stabilité" européen, qui contraint la France à limiter ses déficits publics. La prévision de déficit du gouvernement pour 2016, malgré ces nouvelles mesures, est toutefois restée inchangée, à 3,3%.

"Des marges d'amélioration existent"

"Les pouvoirs publics doivent attacher beaucoup plus d'importance aux résultats de l'action publique. Ils doivent s'assurer de l'efficacité et de l'efficience des moyens mobilisés, avant même de penser à allouer des crédits supplémentaires", a estimé Didier Migaud.

"Si l'on estime nécessaire d'augmenter les effectifs des forces de sécurité, cela ne doit pas, par exemple, dispenser de chercher à améliorer leur organisation et leur fonctionnement", a-t-il ajouté, en assurant que des "marges d'amélioration" existaient, "à crédits constants".

"Cessons de lier dépense publique et efficacité de l'action publique, ou encore niveau de dépense publique et croissance. Si tel était le cas, la France serait championne ou vice-championne du monde", a conclu Didier Migaud.

N.G. avec AFP