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Finances publiques

Crise de la dette : faut-il accentuer la rigueur sur les Français ?

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Après l'abaissement de la note américaine, la finance mondiale redoute un lundi catastrophique pour les bourses. Quelles conséquences pour la France ? Un pays qui « vit depuis 30 ans au-dessus de ses moyens », estime un économiste, persuadé qu'« il y aura un plan d’économie drastique »...

La Bourse tremble. Après la dégradation de la note des Etats-Unis par l'agence de notation Standard and Poor's vendredi, les marchés risquent de s'effondrer ce lundi matin. Avec un peu d'avance, les bourses du Golfe et celle d'Israël, ouvertes ce week-end, ont donné la tendance, en clôturant jusqu'à -7%. Ce lundi matin, les places asiatiques ont aussi décroché, jusqu’à -6% à Séoul.

Un flottement boursier c'est plus de chômage et plus d'impôts

Un flottement boursier a, par ailleurs, des conséquences importantes qui pèsent sur le contribuable. La première : les impôts. En France, le gouvernement a déjà déclaré la guerre aux niches fiscales, qu'il veut réduire de 3 milliards d'euros. Récemment, il était aussi question de taxer les hauts revenus.Autre conséquences : le chômage. D'ici fin 2011 voire début 2012, la croissance économique sera molle. En se serrant la ceinture, les entreprises ne créeront pas beaucoup d'emplois. Le chômage, qui a augmenté de 1,5% depuis un an, pourrait donc encore progresser.

Pour éviter la catastrophe, deux initiatives : le G7 se dit prêt à prendre toutes les mesures pour protéger la stabilité financière mondiale, et la Banque centrale européenne (BCE) va racheter de la dette publique dans les pays fragiles de la zone euro. Hier dimanche, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont appelé Rome et Madrid à appliquer au plus vite leurs mesures anti-dette.
Alors, pour réduire notre dette, faut-il accentuer la rigueur sur les Français ? Des économistes débattent ; donnez votre avis dans le sondage ci-dessous et le forum qui suit.

« Il y aura in fine des conséquences sur le contribuable Français »

Philippe Dessertine est économiste, directeur de l'Institut de Haute Finance. Il estime que l’annonce de la BCE de racheter de la dette aura inévitablement des conséquences sur le contribuable français. Et ce pour une raison simple : « Le fait que cette institution (BCE- Ndlr) rachète cette dette signifie alors que ces institutions doivent se refinancer auprès notamment de l’Allemagne et la France. Cela signifie que pour ces derniers, il faudra emprunter. (…) Donc, il y aura évidemment des conséquences sur les finances publiques françaises et donc in fine sur le contribuable Français ».

« Il y aura forcément un plan d’économie drastique »

Pour l’économiste Michel Godet, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et auteur de Bonnes Nouvelles des conspirateurs du futur, « il y aura forcément un plan d’économie drastique qui sera entreprise. La France vit depuis 30 ans au-dessus de ses moyens, poursuit-il, avec un déficit public qui va croissant. Le chemin à suivre, on le connaît : augmenter les impôts, c’est tout ! Et en termes de réduction des dépenses, il faut s’interroger sur la question de l’assistance : on est le pays où les dépenses sociales d’assistance sont les plus élevées d’Europe. Il faut par exemple remettre en cause des questions comme le RSA ».

« Ça réduirait la croissance et accentuerait le déficit »

Mais pour Alain Cotta, professeur d'économie à Paris-Dauphine, accentuer la rigueur sur les Français n’aurait « pas de sens » : « Toute mesure d’austérité va réduire, dans des proportions peut-être très fortes, la croissance. Et donc, compte tenu de la permanence d’un certain nombre de dépenses, que nous ne pouvons réduire, ça va conduire à l’accentuation du déficit. Donc ça n’a pas de sens ».

La Rédaction, avec Matthieu Moulin