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Croissance, chômage: la Banque de France est-elle trop pessimiste dans ses prévisions?

Sur BFM Business, Olivier Garnier, directeur général et chef économiste de l'institution souligne que plusieurs scénarios sont possibles en fonction de la résolution de la crise sanitaire.

La Banque de France a jeté un froid ce mardi en publiant ses prévisions économiques pour la France. Malgré une reprise suite au déconfinement qui apparaît vigoureuse, l'institution table sur une récession de 10% cette année, et surtout sur un chômage de masse de 11,4% (contre 8,5% avant la crise) dans la première moitié de l'année prochaine. Un retour à la normale n'est pas attendu avant 2022.

Des chiffres qui suscitent le débat, certains observateurs les jugeant trop pessimistes. Sur BFM Business, Olivier Garnier, directeur général et chef économiste de la Banque de France souligne néanmoins que différents scénarios sont possibles.

"Il est un peu tôt pour dire si (la crise sanitaire) est terminée ou non. A la Banque de France nous sommes des économistes, nous ne sommes pas des médecins donc ce qu'on a fait c'est qu'on a pris différentes hypothèses sur la crise sanitaire. On a un scénario central où la crise sanitaire continue mais se dissipe peu à peu. On a un scénario plus défavorable, plus sévère où là il y a une sorte de deuxième vague dans la crise sanitaire et donc tout cela ne disparaît qu'en 2021 avec l'arrivée d'un vaccin. Et puis on a un scénario plus favorable où là la crise sanitaire se dissipe. Dans le scénario central, on est à peu près à -10% de baisse du PIB."

"On a seulement lissé l'impact du choc"

"Ce qu'il ne faut pas oublier c'est que dans cette crise là, il y a eu une forte perte de revenus et d'activité. Si les ménages n'ont pas trop subi de perte de revenus et si leur taux d'épargne a augmenté c'est aussi parce que via les dispositifs de type activité partielle (...) ils ont reçu du revenu mais c'est du revenu qui en quelque sorte a été gagé sur le futur. On a seulement lissé l'impact du choc", souligne Olivier Garnier.

100 milliards d'euros ont été épargnés par les ménages, estime la Banque de France, de quoi faire bondir le taux d'épargne de 15 à 22%. La question est donc de savoir si cette épargne sera utilisée pour consommer.

"Si les ménages se mettent à dépenser cette épargne plus rapidement (...) à ce moment là on remontera plus vite" mais dans un contexte où le taux de chômage va rapidement augmenter, avec un décalage puisque pour le moment les entreprises bénéficient encore de filets de sécurité, la Banque de France est sceptique. "Il y a une perte d'offre et donc de revenus qu'on essaye de lisser au cours du temps mais il y a bien eu une perte et ça on va le sentir dans les trimestres qui viennent", juge le chef économiste.

Olivier Chicheportiche