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Croissance: un troisième trimestre décevant et inquiétant

L'Insee a annoncé une croissance en baisse de 0,1% pour le troisième trimestre.

L'Insee a annoncé une croissance en baisse de 0,1% pour le troisième trimestre. - -

Le PIB français a diminué de 0,1% au troisième trimestre, selon les chiffres publiés par l'Insee, ce jeudi 14 novembre. Un chiffre qui est décevant mais aussi préoccupant.

La baisse de 0,1% de l’activité au troisième trimestre, après le rebond de 0,5% enregistré au printemps, n’est pas seulement décevante, elle aussi très préoccupante.

Elle est décevante parce que les experts tablaient plutôt en moyenne sur une stagnation, voire une augmentation de 0,1%, plus que sur une contraction. Elle est surtout préoccupante au vu des raisons qui expliquent cette contraction.

D’abord, tous les moteurs de la croissance sont à l’arrêt : la consommation des ménages enregistre une quasi-stagnation, l’effort d’investissement des entreprises ne redémarre pas (-0,6%), et les exportations rechutent (-1,5%).

Une triste performance qui met à nouveau en relief les faiblesses de l’économie française: une compétitivité dégradée, qui ne permet pas aux exportateurs de profiter de l’embellie européenne et qui est prise en ciseau entre la traditionnelle concurrence de l’Allemagne et celle, plus récente, de l’Espagne. Du coup, les sociétés toujours fragiles n’ont pas les moyens d’investir et continuent de licencier (-17.000 postes nets cet été).

Le chômage pèse sur la consommation

Heureusement, pourrait-on dire, la reconstitution des stocks a tiré la production et ajouté 0,5 point à l’évolution du PIB qui sinon aurait chuté de 0,6%. Mais est-ce une si bonne nouvelle? Pas si sûr. Car la reconstitution des stocks s’interrompra vite si la demande ne suit pas au cours des prochains mois.

Or, si la marche des affaires s’accélère un peu, elle reste hésitante : la consommation est contrainte par l’ampleur du chômage et la hausse des impôts. Les industriels déclarent, selon l’Insee, que leurs dépenses d’investissement baisseront encore de 2% l’an prochain, et que leurs carnets de commandes se regarnissent difficilement.

Au final, difficile, comme le ministre de l’Economie ou la Banque de France, de croire que la croissance remontera à 0,4% au cours des trois derniers mois de l’année.

C’est moins grave pour la performance 2013 (toujours très peu impactée par la performance du dernier trimestre de l’année), que pour l’élan faible avec lequel le pays entrera dans 2014, qui rend difficilement accessible la prévision de croissance du gouvernement et des institutions européennes : +0,9%.

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Emmanuel Lechypre