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Finances publiques

Dérapage budgétaire: Sapin ironise sur "le coup de l'héritage"

Michel Sapin déclare qu'il n'y a eu "aucune tricherie".

Michel Sapin déclare qu'il n'y a eu "aucune tricherie". - Kenzo Tribouillard - AFP

Le nouveau gouvernement s'est plaint, fin juin, d'un "dérapage de plus de 8 milliards d'euros" hérité du précédent exécutif. L'ancien ministre des Finances a dénoncé "ce vieux truc qui consiste à dire que les difficultés (…) sont toujours dues à l'héritage".

Le discours ne s'apaise pas entre l'exécutif et ses prédécesseurs. Fin juin, le Premier ministre, Edouard Philippe, s'est insurgé contre l'ampleur du dérapage budgétaire. "Nous héritons d'un dérapage de plus de 8 milliards d'euros", a-t-il déclaré. "C'est inacceptable". 

Michel Sapin a réagi ce lundi 10 juillet. Invité de franceinfo, l'ancien ministre des Finances a dénoncé "la reprise de cette vieille antienne, de ce vieux truc qui consiste à dire que les difficultés, qui sont réelles, que les décisions qu'il faut prendre, qui sont difficiles, sont toujours dues à l'héritage". "Le coup de l'héritage, à droite comme à gauche on l'a fait. Aujourd'hui, ce n'est pas crédible".

"Les chiffres (de la Cour des comptes) sont exacts. Les commentaires de la Cour des comptes, comme d'habitude, sont acerbes, mais ils le sont avec tout gouvernement. Par contre le terme d'insincérité me choque. Peut-être que pour quelqu'un de la Cour des comptes, pour un Premier président, insincérité est un mot comme cela, que l'on met dans les documents. Mais les auditeurs, les gens disent: ils ont triché. C'est faux. Il n'y a aucune tricherie, aucune cachotterie", a assuré l'ancien ministre des Finances.

"Je suis blanc comme neige"

"Quand le Premier ministre dit 'il y a 8 milliards de chèque en blanc', ça voudrait dire qu'on a dépensé, qu'on a acheté quelque chose et qu'on ne l'a pas payé. C'est totalement faux. Il n'y a aucune dépense faite au premier trimestre qui n'ait pas été honorée, elles ont toutes évidemment été payées", a poursuivi Michel Sapin.

S'agissant d'Areva, "j'ai fait en sorte que dans un compte d'affectation spéciale - peut-être ne l'a-t-il pas vu, Edouard Philippe - il y ait les sommes nécessaires pour cette recapitalisation", a-t-il dit.

"Je suis blanc comme neige. Je ne préparais la candidature de personne, puisque depuis novembre dernier le président de la République François Hollande n'était pas candidat". Par ailleurs, "les ministres établissent les dépenses. Les dépenses, elles sont arrêtées au mois de juillet. Donc au mois de juillet de l'année dernière, tous les ministres connaissaient exactement l'état des finances", a rappelé Michel Sapin, comme on lui rappelait que M. Macron avait été ministre de l'Économie jusqu'en août 2016. "Le gouvernement a des décisions à prendre cette année, elles sont difficiles. Au lieu de dire c'est la faute aux autres il vaut mieux prendre ses responsabilités soi-même", a conclu Michel Sapin.

D. L. avec AFP