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Finances publiques

Bruno Le Maire veut annoncer des privatisations dans "quelques semaines"

Le ministre de l'Économie veut apaiser les tensions avec Rome

Le ministre de l'Économie veut apaiser les tensions avec Rome - THOMAS SAMSON / AFP

Le ministre de l'Économie dit vouloir céder pour 10 milliards d'actifs, afin de financer l'innovation.

Le ministre français de l'Économie, Bruno Le Maire, a déclaré samedi 2 août qu'il annoncerait des privatisations dans "quelques semaines". "Je vais annoncer dans quelques semaines que nous allons privatiser certaines entreprises pour avoir de l'argent afin de financer l'innovation", a déclaré M. Le Maire lors du forum The European House - Ambrosetti, sorte de mini-Davos à l'italienne qui se tient jusqu'à dimanche à Cernobbio, sur le lac de Côme.

"Nous pensons vraiment que c'est une meilleure façon de dépenser de l'argent en finançant l'innovation plutôt que d'être emprisonné dans certaines compagnies qui ne sont pas stratégiques pour l'Etat français", a-t-il ajouté. "L'innovation est la clé du futur pour l'économie, la clé pour rendre la France plus forte", a-t-il martelé.

La Française des jeux privatisée?

M. Le Maire n'a donné aucun détail sur les entreprises qui allaient être privatisées. La Française des Jeux fait partie des pistes étudiées, selon certains experts. M. Le Maire avait déjà fait état le 6 juillet de la cession de "participations dans un certain nombre d'entreprises publiques à partir du mois de septembre". La veille, il avait annoncé ces "importantes cessions d'actifs" pour financer l'innovation, à laquelle l'Etat destinera 10 milliards d'euros. Ces cessions permettront "au contribuable de savoir que son argent est placé pour le futur et non pas pour le passé", avait-il souligné. Pendant la campagne électorale, le président Emmanuel Macron avait promis d'alimenter ce fonds de dix milliards par les dividendes tirés du portefeuille de l'Etat, mais aussi peut-être par quelques privatisations.

M. Le Maire, qui s'exprimait devant la presse, a souligné "être ici (à Cernobbio) pour dire aux partenaires de la France que la France est de retour". "Avec notre nouveau président Emmanuel Macron, nous sommes déterminés à rendre la France plus forte", a-t-il affirmé en détaillant les diverses mesures annoncées par le gouvernement pour "améliorer" le fonctionnement du marché du travail et le système fiscal, et réduire la dépense publique.

Voyage à Rome

Bruno Le Maire s'est aussi dit confiant sur la conclusion d'un accord sur les chantiers navals de STX France avec l'Italie d'ici fin septembre, répétant qu'un accord avec l'Italien Fincantieri restait la "meilleure option pour Saint-Nazaire". "Je serai à Rome le 11 septembre pour essayer de construire un nouveau compromis sur STX avec [mon homologue] Pier Carlo Padoan et le gouvernement italien", a déclaré M. Le Maire. "Je suis toujours d'avis qu'une coopération entre la France et Fincantieri reste la meilleure option pour Saint-Nazaire. Nous devons résoudre certains problèmes, nous devons trouver un compromis, mais je suis profondément convaincu que si chacun est capable de faire un effort, nous trouverons un compromis avant la fin de septembre", a-t-il ajouté.

"Je sais qu'il y a eu des malentendus durant les dernières semaines" et "nous sommes totalement déterminés avec Pier Carlo à trouver une solution sur les malentendus: l'Italie et la France sont de grands pays, ils doivent travailler ensemble, ils doivent renforcer leurs liens économiques et je suis profondément convaincu que nous y parviendrons", a martelé M. Le Maire. "Construire de nouvelles sociétés européennes entre la France et l'Italie serait un résultat positif pour tous", a-t-il dit, en estimant que "le compromis sur STX pourrait être le début d'une magnifique histoire industrielle entre nos pays". "Les investissements italiens sont les bienvenus en France et j'espère vraiment également que les investissements français sont bienvenus en Italie", a-t-il encore dit.

Sommet franco-italien

Les gouvernements français et italien se sont donné le 2 août jusqu'au 27 septembre, date d'un sommet entre le président français, Emmanuel Macron, et le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, pour tenter de trouver une solution "réciproquement acceptable". La crise entre les deux pays est née avec la nationalisation "temporaire" fin juillet de STX France, pourtant promis à Fincantieri sous la présidence de François Hollande. Emmanuel Macron a en effet décidé de rouvrir le dossier et de réviser le pacte d'actionnaires en proposant à l'Italie un accord 50-50, ce que Rome refuse en réclamant la majorité absolue du capital du chantier. Paris a évoqué l'idée d'un grand pôle naval, civil et militaire entre la France et l'Italie pour faciliter un accord, ce à quoi le gouvernement italien s'est montré favorable.

Le Premier ministre nuance

Le Premier ministre Edouard Philippe a confirmé dimanche 3 septembre que l'Etat allait "céder des parties de capitaux" qu'il détient dans des entreprises, mais pas forcément 100%, et sans reprendre le mot de "privatisation" employé samedi par son ministre Bruno Le Maire. Ces cessions interviendront "au rythme et aux conditions les plus intéressantes pour l'Etat, pour alimenter des fonds qui serviront à financer l'innovation et la recherche", a-t-il dit lors de l'émission Questions Politiques de franceinfo/France Inter/Le Monde. A la question "Ce ne sera pas forcément 100%" qui seront cédés?, le chef du gouvernement a répondu: "Vous avez tout compris", et s'est refusé à donner le moindre chiffre sur les cessions prévues, ou sur leur date.

J. H. avec AFP