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Edouard Philippe rassure quand Emmanuel Macron vacille

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- - SYLVAIN THOMAS / AFP

Emmanuel Macron dévisse dans les sondages, alors qu’Edouard Philippe, lui, se maintient, voire progresse. Le Premier Ministre réunit aujourd’hui tout son gouvernement à Matignon pour un comité interministériel dédié au calendrier des réformes. Edouard Philippe garde la côte, il incarne la stabilité.

Edouard Philippe plait. Sur la forme : son ton pince sans rire, une certaine fermeté dans l’action, accompagnée d’un discours plutôt mesuré. Une image qui tranche avec celle d’Emmanuel Macron qui, au contact des Français, a multiplié des propos jugés maladroits. Le chef de l’Etat a toujours assumé sa liberté de paroles. « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaire », affirmait-il avant d’être élu, quand il était encore à Bercy.

A l’époque, ce « côté cash » le servait dans les sondages. Mais depuis qu’il est à l’Elysée, ça ne passe plus. La comparaison entre les Français et les « Gaulois réfractaires », ou encore ce jeune horticulteur au chômage à qui Emmanuel Macron explique qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi, sont très mal perçus. Trop clivant, pas assez empathique, jugent les Français. Après chacune de ces sorties, suit une baisse de popularité du chef de l’Etat et un renforcement de l’image d’Edouard Philippe.

Les Français perçoivent deux visions différentes

Les deux hommes - bien qu’en phase sur les réformes - n’incarnent pas non plus la même vision. Chez Emmanuel Macron, l’image des « premiers de cordée », cette France qui réussit et qui tire vers le haut l'ensemble du pays, passe mal.

A l'inverse, Edouard Philippe incarne lui l’image d’un ancien élu centre droit d’une grande ville, le Havre, où il a su fédérer des courants différents. Cet ancrage local, qui manque au chef de l’Etat, confère au Premier Ministre une image d'homme politique plus expérimenté, un côté plus fédérateur aussi.

La situation n’est pas inédite. Manuel Valls devançait François Hollande de 40 points dans les sondages juste après son arrivée à Matignon. François Fillon aussi, avait en son temps largement distancé Nicolas Sarkozy.

Matignon minimise la portée des sondages

De son côté, Edouard Philippe dément que toute tension puisse naître de cet écart de popularité entre lui et le chef de l’Etat : « Personne ne mettra une feuille de papier à cigarette entre le Président de la République et le Premier Ministre », a-t-il lancé aux députés.

A Matignon, on explique que cet écart n’a pas de fondement. Un proche d’Edouard Philippe rappelle qu’au moment de la réforme de la SNCF et de la limitation de vitesse à 80km/h sur les routes secondaires, le Premier Ministre apparaissait dans les sondages comme arrogant et moins consensuel. Bref, à Matignon, on assure que cet écart de popularité est conjoncturel et qu’il se resserrera au gré des polémiques.