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Egalité hommes-femmes: Marlène Schiappa souhaite étendre les quotas aux comités de direction

Sur BFM Business, la Secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes souligne que les quotas ont déjà permis de renforcer le poids des femmes dans les conseils d'administration des entreprises françaises.

L'égalité entre les femmes et les hommes dans les entreprises françaises est encore loin d'être une réalité. Deux chiffres sont révélateurs: selon un récent rapport du World Economic Forum, la France se classe au 59e rang mondial sur cette question et on trouve seulement 20% de femmes dans les comités de directions des entreprises du CAC 40.

Seule la contrainte semble pour l'instant faire évoluer les choses. La loi Copé-Zimmermann de 2011 a ainsi établi des quotas contraignants pour la féminisation des conseils d'administration (avec un taux fixé à 40% depuis janvier 2017). Résultat: "nous sommes un pays qui est en tête du classement européen de la féminisation des conseils d'administration", souligne Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, qui était invitée sur BFM Business ce mercredi.

Il faut désormais aller plus haut et renforcer le poids des femmes dans les comex (comités exécutifs) et les codir (comités de direction) des grandes entreprises. C'est l'objet de la future loi sur les femmes dans l'économie qui a donné lieu à une vaste consultation.

Même si n'est encore tranché, Marlène Schiappa souhaite étendre les quotas à ces sphères de décisions car ils "ont prouvé leur efficacité".

"On ne fera rien contre les entreprises"

Mais elle précise immédiatement: "on ne fera rien contre les entreprises, l'idée c'est que ces mesures soient mises en application. Donc si on a en face des gens qui sont opposés à nous, on n'y arrivera pas. Donc avec Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, NDLR) on travaille avec beaucoup de volontarisme, beaucoup de détermination pour notre objectif qu'est l'égalité femme-homme dans l'économie. Mais on travaille aussi avec le Medef, avec l'AFEP (association française des entreprises privées, NDLR) pour faire en sorte que chacun soit entendu et qu'on prenne en compte les contraintes du monde réel. On ne veut pas faire du dogme et de l'idéologie déconnectés des contraintes de la réalité. On est sur une ligne de crête mais on avancera". 

"Avec Bruno Le Maire, ce que nous constatons c'est que dans les codir et les comex, on peut encore évoluer sur la place des femmes. (...) Ça a beaucoup remonté de la consultation. Beaucoup de femmes et d'hommes nous disent 'on voudrait qu'il y ait des gouvernances plus mixtes avec davantage de femmes qui soient promues'. Pour ça, il faut que le vivier existe, il faut qu'on puisse trouver des femmes pour les nommer. Mais je crois que la seule femme qu'on ne trouve pas, c'est celle qu'on ne cherche pas".

"Ne pas braquer"

Pour quel objectif? Le rapport du World Economic Forum plaide pour 40% de femmes dans les comités de direction/exécutifs d'ici 2024. "Le gouvernement n'a pas encore arbitré", souligne la secrétaire d'Etat. "Il y a encore des discussions. Je crois que le fait de donner un petit peu de temps". Tout en rappelant qu'on y arrivera en 2234 si on ne fait rien, toujours selon le World Economic Forum. 

Soulignant le "volontarisme" des organisations patronales, et "un objectif partagé", Marlène Schiappa ne "veut pas être dans l'incantation", "pour ne pas braquer". Reste que la secrétaire d'Etat le répète: "il y aura des objectifs et des quotas. (...) Il faut à un moment se donner des objectifs fermes et ne pas laisser les choses se faire sinon elles ne se font pas. Il y aura des quotas, oui". 

Malgré un calendrier parlementaire chargé, cette loi devrait être débattue "dans l'année qui vient".

Olivier Chicheportiche