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Emmanuel Macron lance la campagne européenne

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le ministre italien de l'intérieur Matteo Salvini

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban et le ministre italien de l'intérieur Matteo Salvini - Marco Bertorello/afp

Hongrie et Pologne fustigent un président français « colonial » et les axes de sa nouvelle campagne européenne contre « ceux qui ne respectent pas l’état de droit »

Emmanuel Macron considère que l’Union n’a que trop transigé. Seule une fermeté collective serait en mesure, selon lui, de refaire de la Pologne et de la Hongrie, dirigées par des gouvernements nationalistes conservateurs, des Etats de droit. Emmanuel Macron les accuse de mettre au pas leur système judiciaire et de refuser toute solidarité européenne dans la répartition des demandeurs d’asile. Le président français parle de mener une « confrontation philosophique de civilisation» avec ceux qui, dit-il, veulent ainsi en finir avec les valeurs fondamentales qui président à la construction européenne.

Pour lui, la confrontation doit être assumée la semaine prochaine au Parlement européen, lorsque le cas de la Hongrie sera abordé. Emmanuel Macron juge que c’est à la famille conservatrice réunie au sein du PPE, le Parti populaire européen, de prendre ses responsabilités : « On ne peut pas être à la fois » avec la chancelière allemande et avec le premier ministre hongrois, dont le parti est toujours membre du PPE.

Berlin très réticent

La CDU, le parti de la chancelière, n’apprécie pas. L’un de ses chefs de file parle d’une « posture ». Les chrétiens-démocrates allemands jugent même que ces expressions françaises de fermeté contribuent à rehausser le statut en Europe des dirigeants hongrois et polonais. L’offensive d’Emmanuel Macron est d’abord perçue comme un accélérateur de campagne en vue des élections européennes dans 9 mois. Ce n’est donc pas vraiment de Berlin que peut provenir le soutien initial.

Les alliés de Paris se trouvent avant tout a Bruxelles : un vice-président de la Commission européenne, issu du PPE, a dénoncé hier la « violation » par le Premier ministre hongrois, « des fondamentaux d’une société démocratique ». Egalement hier, le président de l’exécutif européen Jean Claude Juncker a qualifié de « problème » que Viktor Orban puisse rester au PPE.

Budapest et Varsovie se sentent renforcés

Mais à Budapest et à Varsovie, la façon dont le pouvoir français aborde le clivage est reçue avec beaucoup de sérénité. Les majorités conservatrices de ces deux pays apparaissent en effet comme celles qui définissent le débat européen et, donc, ses prochains équilibres électoraux. Ils demeurent surtout convaincus de l’inconsistance de la menace brandie à Paris et Bruxelles d’une remise en cause de la répartition des fonds de soutien européens dont la Hongrie et la Pologne bénéficient au premier rang. Ils semblent tout à fait disposés à relever le défi du discours.

Le chef du gouvernement polonais soutient que son pays n’a « jamais été aussi libre depuis 30 ans ». Et le ministre hongrois des Affaires étrangères accuse Paris d’employer un « ton colonial », ajoutant que « la Hongrie n’est toujours pas une colonie de la France ». L’arc « progressiste » européen qu’appelle de ses vœux le président français ne paraît pas les effrayer. Un grand quotidien de centre-droit à Varsovie en donne une explication : « Macron n'a pas trouvé de partenaire décisif pour sa grande entreprise ».

Benaouda ABDEDAÏM