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Epargne réglementée : la belle affaire tricolore

L’épargne réglementée bénéficie d’une fiscalité attractive puisque les intérêts perçus se révèlent exonérés d’impôts.

L’épargne réglementée bénéficie d’une fiscalité attractive puisque les intérêts perçus se révèlent exonérés d’impôts. - Pixabay

Un rapport de la Banque de France met en exergue le fait que l'épargne réglementée des ménages français a atteint 751 milliards d'euros en 2018. Soit une hausse de 2,5% sur un an.

Elle représente à ce jour pas moins de 15% du patrimoine financier des ménages tricolores qui s’élève lui-même, selon les données publiées jeudi 4 juillet par la Banque de France, à 5 002 milliards d'euros.

Elle ? C’est l’épargne sans risques, plus connue sous le nom d’« épargne réglementée ». Laquelle se compose essentiellement de livrets d’épargne à l’instar du Livret A, sur lequel les particuliers ont placé 11 milliards d'euros supplémentaires en 2018, mais également du livret de développement durable et solidaire (LDDS), dont l'encours a augmenté de 3 milliards d'euros l'an passé.

Son intérêt ? Il est simple. Il réside dans le fait que l'épargne réglementée bénéficie d’une fiscalité attractive puisque les intérêts perçus sont exonérés d’impôts.

Épargner plutôt que consommer

Une fois n’est pas coutume, l’encours de 751 milliards d'euros que révèle la Banque de France pointe l’appétence aiguisée des Français pour ces produits d’épargne ultra-sécurisés. Même les récentes mesures déployées par l’exécutif pour répondre notamment, au mouvement des « gilets jaunes » et rehausser le pouvoir d’achat des ménages, ainsi que la décrue du chômage n’ont pas changé la donne.

Les Français préfèrent de loin épargner plutôt que consommer. Ce d’autant plus que, lorsqu’ils épargnent, ils jouent le plus souvent la carte de la prudence en renforçant leur matelas d'épargne sans risques. Certes, cette thésaurisation réglementée revêt l’avantage non négligeable d’être liquide. Pour autant, niveau rentabilité, on a vu mieux.

En principe, le taux de rémunération du Livret A est porté à à 0,75%. Sauf que, compte tenu de l’inflation, son rendement s’avère désormais négatif. Qu’à cela ne tienne. Les analystes s’accordent sur le fait que l’épargne réglementée est aujourd‘hui clairement symptomatique de la prudence et de l'attentisme des Français. Résultat : plutôt que d’escompter percevoir de faibles gains, les épargnants tricolores laissent somnoler leur argent sur leur compte courant

La prise de risques attendra

Sauf que cette inclinaison n’est pas forcément du goût ni de l’Etat français, encore moins des banques et des assureurs. Ces derniers ont, en effet, beau faire en sorte de commercialiser des contrats investis en unités de comptes qui se veulent, certes, plus risqués mais aussi nettement plus rémunérateurs, les ménages français se sont farouchement attachés à cette notion de sécurité.

Fin 2018, les supports garantis des contrats d’assurance-vie plus connus sous le nom de « fonds en euros » représentaient à eux seuls 31% du patrimoine financier des ménages.

Comparativement, les placements en unités de compte (7%), en actions cotées (5%) et fonds d'actions (2%) ne font pas le poids. La faute peut-être aussi aux tumultueuses fluctuations enregistrées en fin d’année dernière.

La fin de l’argent qui dort attendra. Le gouvernement a beau s’évertuer à mobiliser les bas de laine des Français pour en faire le point de départ d’une reconquête économique et les inciter à investir dans l’économie réelle, la bataille - à défaut d’être perdue d’avance - se révèle loin d’être gagnée.

Julie COHEN-HEURTON