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Economie et Social

Et revoilà la question brûlante du recul de l'âge du départ à la retraite

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- - Joël Saget - AFP

Agnès Buzyn a relancé le débat dimanche sur RTL en disant : "Je n'y suis pas hostile à titre personnel".

Reculer l'âge du départ à la retraite. La question revient souvent dans le débat. Elle est même centrale et n'est pas sans provoquer la polémique. Dimanche, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, l'a évoquée et a dit ne pas y être hostile. Mais est-ce vraiment la seule solution pour préserver le système de retraite ? 

Oui, c'est la principale, sinon il faudrait augmenter les cotisations et donc le coût du travail. Autre solution, baisser les pensions et donc le pouvoir d'achat des retraités.

Enfin, dernière solution, plus séduisante, c'est la baisse du chômage. Moins il y a de chômage, plus il y a de cotisants pour financer le système social. La clef du travail en France est d'accroître le taux d'emploi.

Reste que dans toutes ces déclarations, les politiques oublient souvent d'évoquer une autre interrogation pourtant fondamentale : à quoi cela sert-il de reculer l'âge de départ à la retraite s'il n'y a plus d'emploi pour la plupart des seniors qui ont plus de 55/58 ans ?

A chaque report de l'âge légal, on constate que le marché du travail s'adapte avec retard mais il s'adapte. L'expérience prouve que en réalité, plus on retarde l'âge de départ à la retraite, plus le taux d'emploi des seniors augmente. Le marché du travail parvient à trouver un équilibre. Preuve en est aujourd'hui : l'âge légal de départ est aujourd'hui à 62 ans, or nous partons plus tard. En moyenne l'âge effectif de départ à la retraite a atteint 63 ans en 2018 dans le privé (CNAV), soit un an supplémentaire en 10 ans.

Malgré quelques ballons d'essai, reporter l'âge au-delà de 62 ans n'est pas d'actualité, et ce, même si la réforme en cours prévoit des bonus pour ceux qui partiront à 63, 64 ou 65 ans

Ce qu'il faut retenir de cette sortie d'Agnès Buzyn, c'est que les ministre devraient cesser de parler "à titre personnel". Gérald Darmanin l'avait également fait, lui qui voulait mettre les niches fiscales sous condition de ressource.

Au final, ce genre de prises de parole dessert l'exécutif et conduit à de la confusion dans l'esprit des citoyens. Pas vraiment le moment pour le président et son gouvernement qui traversent une passe difficile.