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Europe : les start-up entrent en campagne

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- - LUDOVIC MARIN / AFP

Les start-up veulent faire entendre leurs voix pendant la campagne des élections européennes. Ce mardi soir au Théâtre des Variétés - et simultanément dans sept capitales européennes - les candidats vont répondre aux questions que se posent les entrepreneurs de la tech.

France Digitale, qui fédère les start-uper, a déjà adressé aux candidats une série de proposition avec un objectif : harmoniser l'environnement des start up en Europe. Son vice-président, le fondateur de Blablacar Frédéric Mazzella, a pris son bâton de pèlerin. Un manifeste intitulé « United Tech Of Europe" vient d'être remis aux candidats aux élections européennes. « L’Europe ce sont 500 millions d’habitants, mais avec 27 marchés différents ! Résultat : pendant que les Américains courent un 100 mètres, nous, on court un 110 mètres avec 27 haies ! », constate-t-il. Ce manifeste propose ainsi 15 mesures concrètes pour tenter d’unifier au maximum les règles européennes, avec un objectif : permettre aux start-up européennes de grandir aussi rapidement que leurs marchés domestiques que leurs concurrentes chinoises ou américaines.

La complexité fiscale effraie les entrepreneurs

Plus que le niveau d’imposition, c’est la disparité des règles fiscales qui effraie les entrepreneurs. Sur les stock option par exemple, chaque Etat Membre fixe son propre taux, et décide du moment où il l’applique (lors de l’octroi, pendant l’exercice, ou lors de la vente des stock-options). Résultat, il y a autant de règles que de pays. « Le partage de la valeur créée est pourtant un point capital pour attirer les meilleurs talents », regrette Frédéric Mazzella qui appelle à unifier les régimes des stock-options.

Taxer les bénéfices uniquement à l’échelle européenne

L'harmonisation fiscale est au cœur des revendications. Les start-up souhaitent aussi que leur rentabilité soit prise en compte au niveau européen, et non national, avant d'être taxées. Aujourd’hui si une entreprise est déficitaire à l’échelle européenne (notamment après avoir énormément investi en R&D) elle sera malgré tout imposée sur les marchés nationaux où ses filiales restent bénéficiaires.

Attirer les talents en Europe

France Digitale plaide aussi pour un « Visa start-up européen », qui permettrait aux salariés non ressortissants de l'Union, de travailler indifféremment dans un Etat membre puis dans un autre, sans avoir à subir de contraintes administratives et fiscales. Le visa french-tech a déjà fait ses preuves, l’idée serait de l’étendre au niveau européen.

Il y a derrière ces législations un véritable enjeu de ressources humaines. Aux Etats-Unis, un développeur change d'entreprise tous les deux ans. S’il pouvait considérer l’Europe comme un seul marché et non 27, ce serait ainsi plus simple pour les entreprises innovantes d’attirer ce type de talent étranger sur le vieux continent.

La création d’un nouveau statut d’entreprise européenne est au cœur des revendications de France Digitale. Il en existe pourtant un aujourd’hui, mais il est totalement déconnecté de la réalité entrepreneuriale, et les start-uper ne peuvent prétendre à ce statut qu'à certaines conditions très contraignantes. Elles ne peuvent par exemple pas « naître" européennes. Elles doivent aussi avoir une filiale dans un autre État membre depuis au moins deux ans. 

« Quand en Europe on créé Copains d'Avant, les Américains créent Facebook »

« La complexité actuelle réduit les ambitions des entrepreneurs. Quand en Europe on crée Viadeo, les Américains créent Linkedin…quand on créé Copains d'Avant, les Américains créent Facebook. Il faut un nouveau statut d'entreprise européenne, spécifique aux start-up, qui leur permette de grandir très vite au delà de leur marchés nationaux. C'est pour cela que nous demandons qu'elles ne soient taxées que lorsqu'elles atteignent la profitabilité à l'échelle continentale », plaide Frédéric Mazzella. Pour lui, plutôt que de se focaliser sur la taxation des Gafa, les dirigeants européens devraient en priorité unifier les règles et les changer pour favoriser l’émergence de géants européens du numérique.