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Economie et Social

Exclusif - Assurance-chômage :la riposte avortée des partenaires sociaux

Pascal Pavageau (FO), Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT)

Pascal Pavageau (FO), Philippe Martinez (CGT) et Laurent Berger (CFDT) - Bertrand GUAY / AFP

Les leaders des huit organisations syndicales et patronales ont tenté, en vain, de contre-attaquer sur la réforme de l'assurance-chômage. Des discussions ont eu lieu toute la semaine pour élaborer une lettre commune, signée par les huit, qui devait être adressée au Premier ministre. Une lettre qui ne verra finalement pas le jour, tant leurs positions sont en fait irréconciliables.

Ce qui devait être un signal fort s'est transformé en constat d'échec. Les huit leaders préparaient pourtant la riposte depuis plusieurs semaines. Ils se sont vus il y a encore une semaine pendant plus de deux heures et tous étaient d'accord pour signer ensemble une lettre pour marquer leur opposition au gouvernement et afficher un front plus uni que jamais.

« Jamais nous n'avons été aussi soudés », nous expliquait alors l'un de ces leaders. « Nous allons renvoyer le gouvernement au tapis, pas question cette fois qu'il nous fasse faire le sale boulot » disait un autre. Seulement voilà, « alors que la lettre était sur le point d'être finalisée, après de nombreux allers et retours entre organisations syndicales, le Medef a finalement renoncé à la signer » explique un haut responsable syndical. Trop de divergences opposent en réalité patronat et syndicats.

Un seul argument commun 

Tous ne sont en fait d'accord que sur un seul point d'ailleurs : pour eux, la pression budgétaire imposée par le gouvernement devient tout simplement intenable. L'exécutif s'apprête en effet à leur demander de réaliser de nouvelles économies : entre 800 millions et 1 milliard d'euros selon les chiffres qui circulent.

Tout cela avec moins de recettes, puisque que le gouvernement a remplacé les cotisations salariales par une hausse de la CSG. Tout cela aussi avec de plus en plus de dépenses, puisque l'exécutif a décidé d'élargir le régime aux démissionnaires et aux indépendants avec à la clé, un surcoût de 500 millions d'euros pour le régime.

Le gouvernement a la voie libre 

Sur le reste, en revanche - c'est à dire sur la manière de parvenir à ces économies - tout oppose les syndicats de salariés et le patronat. Les syndicats vont se battre pour instaurer un bonus-malus, c'est à dire une sur-taxation pour les entreprises qui abusent des contrats courts. Le patronat, qui y est fermement opposé depuis des années, poussera lui vers une réduction des allocations, sous une forme ou sous une autre.

Cette fois encore, le gouvernement va donc pouvoir jouer sur les divergences entre les uns et les autres pour atteindre son objectif : à remettre à plat l’assurance chômage.

Caroline MORISSEAU