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Finances publiques

Les faibles rentrées fiscales font déraper le déficit budgétaire

Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve invoquent le manque de croissance pour justifier ces mauvais chiffres.

Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve invoquent le manque de croissance pour justifier ces mauvais chiffres. - -

Le déficit public devrait s'élever à 74,9 milliards d'euros cette année, soit 2,7 milliards de plus que ce que le gouvernement attendait, selon des chiffres communiqués par Bercy jeudi 16 janvier. Jean-Marc Ayrault invoque la morosité de la conjoncture pour expliquer ce résultat.

Le déficit budgétaire sera finalement plus lourd que prévu. Dans un communiqué commun, les ministres de l'Economie et du Budget, Pierre Moscovici et Bernard Cazeneuve, indiquent que déficit public "devrait" s'élever à 74,9 milliards d'euros en 2013.

Même si c'est 12 milliards de moins qu'en 2012, ce chiffre est néanmoins supérieur à la prévision contenue dans le collectif budgétaire 2013 de novembre dernier qui tablait sur 72,1 milliards d'euros.

Jean-Marc Ayrault, en déplacement ce vendredi à Vienne, a expliqué que cette contre-performance était "le reflet d'une croissance très faible". 

Dans le détail, la conjoncture défavorable a pesé sur les rentrées fiscales qui ont été inférieures de 3,5 milliards d'euros par rapport à la prévision de novembre. Elles se sont au final élevées à 284 milliards d'euros.

Panne de croissance

Dans un entretien au Monde, à paraître ce vendredi 16 décembre, Pierre Moscovici a lui expliqué que ces recettes inférieures aux prévisions sont "pour l'essentiel dues au recul de la croissance".

"Pour pouvoir tenir nos engagements, il est décisif que la croissance reprenne. C'est la genèse du pacte de responsabilité", a-t-il déclaré.

Dans le détail, le gouvernement a enregistré moins de rentrées d'impôts sur les sociétés (-2,5 milliards d'euros par rapport au collectif budgétaire) ainsi que moins d'impôts sur le revenu (-1,8 milliard). Seul "bonne nouvelle" sur le volet recette, les rentrée de TVA, légèrement supérieures à la prévision, (+0,6 milliard d'euros).

Sur le volet dépenses, en revanche, l'exécutif se félicite de "la stricte maîtrise", "résultant d'une gestion exemplaire". Les dépenses s'élèvent ainsi à 368,1 milliards d'euros, soit 600 millions d'euros de mieux par rapport à la prévision du collectif budgétaire.

Promesse malmenée

Ce dérapage budgétaire risque de compromettre la crédibilité de l'exécutif qui s'est fixé pour objectif de ramener le déficit à moins de 3% du PIB d'ici à 2015, contre 4,1% prévus pour 2013 et 3,6% pour 2014.

Une promesse que Bruxelles a du mal à croire. En décembre dernier, l'exécutif européen avait publié ses prévisions économiques d'automne. Dans ce document, il indiquait tabler sur un chiffre de 3,7% en 2015, remettant ainsi en cause la trajectoire déterminée par Paris.

Le gouvernement a toutefois, dans le communiqué publié, jeudi réaffirmé "l'importance de poursuivre les efforts d'économies engagés" pour atteindre l'objectif de 50 milliards d'euros confirmé par François Hollande, lors de sa conférence de presse le 14 janvier dernier. En ce sens, les lettres de cadrage budgétaire seront envoyées "dès le mois d'avril" aux ministres pour "fixer le volume des économies à réaliser jusqu'en 2017".

Julien Marion (texte) et Pierre Millet et Kelly Laffin et Sophie Hébrard (video)