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Fillon veut ignorer la rumeur sur sa cote de présidentiable

François Fillon a préparé le terrain ce jeudi pour Nicolas Sarkozy au Salon de l'Agriculture, une répartition des rôles que le Premier ministre assure immuable malgré la rumeur médiatique sur sa stature de présidentiable. /Photo prise le 4 février 2010/RE

François Fillon a préparé le terrain ce jeudi pour Nicolas Sarkozy au Salon de l'Agriculture, une répartition des rôles que le Premier ministre assure immuable malgré la rumeur médiatique sur sa stature de présidentiable. /Photo prise le 4 février 2010/RE - -

par Laure Bretton PARIS - François Fillon a préparé le terrain jeudi pour Nicolas Sarkozy au Salon de l'Agriculture, une répartition des rôles que...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - François Fillon a préparé le terrain jeudi pour Nicolas Sarkozy au Salon de l'Agriculture, une répartition des rôles que le Premier ministre assure immuable malgré la rumeur médiatique sur sa stature de présidentiable.

Avant les annonces du président au monde agricole, promises pour samedi, le chef du gouvernement a mis à profit une visite de trois heures Porte de Versailles pour écouter les doléances des exploitants, qui parlent d'une profession "sinistrée".

Accompagné du ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, il a assuré que l'Etat serait aux côtés des agriculteurs pour les aider à passer ce "cap extrêmement difficile".

Le plan de soutien à la filière sera complété et la France plaidera pour plus de régulation sur les marchés agricoles, européens et mondiaux, a-t-il souligné.

"On se bat tous les jours pour permettre à l'agriculture de retrouver toute sa place parce que l'agriculture, c'est stratégique pour la France", a affirmé le Premier ministre.

Et d'enchaîner discussion avec des élèves bouchers, mini-bain de foule avec des sympathisants de la Mayenne et dégustation de rillettes de son fief sarthois du Mans.

François Fillon s'est longuement entretenu, hors caméra, avec Jean-Michel Lemétayer, le président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, qui semblait rasséréné après la rencontre autour de charcuteries et d'un verre de Bandol rosé.

"Il y a un accord pour compléter le plan de soutien", s'est félicité le dirigeant syndical, pour qui il reste cependant de nombreuses zones d'ombre, notamment "certaines décisions qui viennent charger la barque des paysans", comme la taxe carbone.

Le Premier ministre a été interpellé à plusieurs reprises sur ce "nouvel impôt spécial agriculteurs", selon les termes d'un producteur céréalier.

Le dispositif mis au point par le gouvernement pour inciter les Français à émettre moins de dioxyde de carbone a été annulé fin décembre par le Conseil constitutionnel.

"POUR FÊTER MON ANNIVERSAIRE"...

"On est en train d'essayer de trouver la bonne solution juridique, parce qu'il ne faut pas qu'on se fasse 'réallumer' par le Conseil constitutionnel", a expliqué le chef du gouvernement aux dirigeants de la filière des biocarburants, qui veulent en être exonérés.

Il est une autre mèche que François Fillon n'entend pas allumer, celle d'une rivalité feutrée au sommet de l'Etat que des médias affirment déceler alors que ses habits de Premier ministre s'agrémentent désormais des galons du présidentiable.

Le Premier ministre a été immanquablement interrogé sur la "Une" du Point, qui consacre onze pages dans sa dernière édition au "Président Fillon".

Comme à l'habitude, François Fillon, qui fêtait jeudi ses 56 ans, a éludé avec humour : "Ça doit être pour fêter mon anniversaire, j'imagine".

Le Point le dépeint, sondage à l'appui, comme la meilleure alternative à droite à Nicolas Sarkozy si ce dernier décidait de ne pas briguer de nouveau mandat en 2012.

"Les journalistes sont libres d'écrire ce qu'ils veulent", a sobrement commenté le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, ancien directeur de cabinet de l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin.

Dans l'entourage de François Fillon, on s'attache à dégonfler un "phénomène totalement artificiel", un "coup commercial", en déplorant à mots couverts des intentions moins nobles à l'égard d'un Premier ministre dont la popularité dépasse largement celle du chef de l'Etat.

L'enquête Ipsos publiée par Le Point compare les qualités des deux hommes : à Nicolas Sarkozy la détermination et l'autorité, à François Fillon l'efficacité, l'écoute et le sens du dialogue.

Pour 45% des sympathisants de l'UMP interrogés, le Premier ministre serait le candidat présidentiel "de rechange" idéal, loin devant Alain Juppé et Dominique de Villepin, si Nicolas Sarkozy renonçait.

"Ce sondage n'a aucun sens. Une candidature présidentielle, c'est quand même un peu plus compliqué que ça", souligne-t-on à Matignon.

Edité par Sophie Louet