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Finances publiques

ISF: Gattaz demande la suppression, Macron dénonce une "provocation"

Pierre Gattaz avait déjà réclamé la suppression de l'ISF en août 2013

Pierre Gattaz avait déjà réclamé la suppression de l'ISF en août 2013 - Eric Piermont - AFP

Le président du Medef a appelé, lundi 17 novembre, à supprimer l'impôt de solidarité sur la fortune. Il considère que cette taxe "détruit" la croissance et l'emploi. "Une provocation", selon Emmanuel Macron.

Pierre Gattaz persiste et signe. Le président du Medef a de nouveau appelé à supprimer l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), ce lundi 17 novembre. 

"Si on est le dernier pays d'Europe ou du monde à avoir l'ISF, il faut le supprimer", a-t-il lancé au cours de la Conférence annuelle des entrepreneurs, consacrée au nombre relativement faible en France d'entreprises de taille intermédiaire.

"Il y a un moment il faut dire 'l'ISF c'est dramatique pour le pays, ça détruit de l'emploi, ça détruit de la croissance'. Il faut le supprimer, point", a-t-il insisté sous les applaudissements des participants à cette conférence.

"Si on ne le supprime pas, ça ne marchera pas, tout simplement parce que les autres pays en concurrence ne le font pas. Si tout le monde le faisait, à la limite on dirait 'très bien, on est dans la norme'", a-t-il poursuivi.

Les "impôts qui ne servent à rien"

Ce n'est pas la première fois que Pierre Gattaz tient cette position. En août 2013, le patron des patrons avait déjà appelé à "supprimer les impôts qui ne servent à rien d'autre qu'à décourager les investisseurs et les actionnaires", lors de l'université d'été du Medef.

Parmi ces impôts "inutiles", le président du Medef citait l'ISF et la taxe à 75%.

Une position qui divise

Mais cette posture ne faisait pas l'unanimité au sein du patronat. Le défunt PDG de Total Christophe de Margerie avait alors publiquement désapprouvé Pierre Gattaz. "Allez, Pierre, je vais te critiquer un peu en public. Non l'ISF ne peut pas être supprimé, tu le sais bien" avait-il lancé lors de l'université d'été du Medef.

"L'ISF ce n'est pas un problème Medef, c'est un problème personnel. Tu voulais dire que trop d'impôt tue l'impôt. On est bien conscient de cela. Mais il faut aussi faire attention parce que l'ISF est considéré comme un sujet très sensible et je crois qu'on n'a pas intérêt à le mettre en avant comme une priorité", ajoutait Christophe de Margerie.

L'Impôt de solidarité sur la Fortune touche tous les foyers fiscaux dont le patrimoine excède 1,3 million d'euros. Il est censé rapporter en 2015 5,1 milliards d'euros à l'Etat, selon les prévisions du projet de loi de Finances pour 2015.

"Une provocation", rétorque le ministre de l'Economie

Pour le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, l'appel de Pierre Gattaz est une "provocation".

"Lorsqu'on est responsable syndical ou responsable politique, on est avant tout responsable, (...) on ne peut pas dire à n'importe quelle seconde de la journée tout ce qu'on pense. En l'espèce, pour ce qui relève de Pierre Gattaz, ce n'est pas la première fois qu'il a cette lubie", a déclaré Emmanuel Macron depuis Londres, où il effectue une visite. "C'est de la provocation", a-t-il conclu.
Julien Marion avec AFP