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Finances publiques

La gauche se déchire sur le traité budgétaire européen

Jean-Marc Ayrault va ouvrir à l'Assemblée nationale une séquence parlementaire consacrée à la ratification du traité budgétaire européen

Jean-Marc Ayrault va ouvrir à l'Assemblée nationale une séquence parlementaire consacrée à la ratification du traité budgétaire européen - -

Contre l'"austérité permanente" en Europe et la ratification prochaine du traité budgétaire européen, le Front de gauche a appelé à manifester ce dimanche.

Alors que Jean-Marc Ayrault ouvre mardi 2 octobre à l’Assemblée nationale une séquence parlementaire consacrée à la ratification et la mise en œuvre du traité budgétaire européen, la gauche se déchire sur le sujet.

L'Assemblée nationale et le Sénat doivent ratifier d'ici la fin octobre le traité budgétaire européen qui oblige notamment les 25 Etats signataires à ne pas dépasser, à moyen terme, un déficit "structurel", c'est-à-dire compte non tenu des aléas de la conjoncture, égal à 0,5% du PIB (Produit intérieur brut).

Le Front de gauche (et une soixantaine d’organisations), qui s’oppose à ce texte, a organisé dimanche 30 septembre, une manifestation contre "l’austérité permanente", à laquelle des dizaines de milliers de personnes ont répondu présentes.

"Si le budget, dans deux mois, au terme de la discussion parlementaire est le même qu'au départ, nous ne le voterons pas", a assuré Pierre Laurent, secrétaire national du PCF. "Ce budget ne nous convient pas. L’addition pour les salariés est beaucoup plus lourde qu'on ce qu'on veut nous dire. On oublie que quand on dit 10 milliards d'économie de dépenses publiques, cela veut dire, moins dix milliards de services publics, moins d'argent pour les hôpitaux, pour le service public de l'information, pour d'autres secteurs publics: qui va payer la différence ? Les salariés".

De son coté, Jérôme Cahuzac, ministre délégué au Budget, a jugé sur Europe 1, que "ceux qui appellent à manifester commettent une erreur de fond. Ratifier le traité européen reprenant la "règle d'or" budgétaire "est nécessaire pour renforcer la parole de la France affaiblie".

Écologistes et féministes s'opposent également

Si le refus du Front de gauche, qui ne siège pas au gouvernement, était prévisible, le refus des écologistes, qui ont deux ministres, est plus difficile à assumer. Et de l'autre côté de l'échiquier politique, le Front national et des souverainistes, comme l'ancien candidat à la présidentielle Nicolas Dupont-Aignan, s’opposent également à ce texte.

Les féministes s’élèvent aussi contre ce texte. Pour Marie-Georges Buffet, ex-numéro un du PCF, "l'austérité promise par l'Union européenne va toucher prioritairement les femmes". "Leur taux de chômage est supérieur, elles sont plus souvent en sous-emploi, dans les bas salaires, et les première concernées quand il y a des coupes dans les secteurs publics, dans les prestations familiales", a ajouté Christiane Marty (Attac, fondation Copernic).

François Fillon "comprend" cette manifestation

En revanche, le centre, comme la direction du PS et la grande majorité des parlementaires socialistes, approuvent ce pacte signé en mars dernier par Nicolas Sarkozy. L’UMP est également pour ce traité budgétaire européen, ce qui n’empêche pas François Fillon de comprendre cette manifestation.

"S'agissant de cette manifestation, je ne l'approuve pas parce que ses revendications sont diamétralement opposées aux valeurs que je défends, mais en même temps, je la comprends, car François Hollande avait promis de renégocier ce traité", a déclaré le député et candidat à la présidence de l'UMP, au journal de 20h de TF1. "La manifestation de dimanche illustre bien la désillusion qui est en train de s'emparer d'une grande partie du pays et notamment de la gauche. Cela me préoccupe car cette désillusion risque d'aggraver les tensions dans un pays qui connaît déjà des graves difficultés économiques".

Même son de cloche chez Bruno Le Maire, ex-ministre UMP. "Le Front de gauche a été dupé de bout en bout" par François Hollande. Il leur avait dit, répété, « je modifierai le traité, j'irai voir Merkel », et résultat: zéro modification! On a mis à côté (du traité) un pacte pour la croissance qui ne mange pas de pain, avec de bonnes déclarations d'intention. C'est comme si vous demandiez à un cycliste s'il préfère avoir du soleil pour courir, il vous répondra oui!".

Le titre de l'encadré ici

|||Deux Français sur trois favorables au traité

64% des Français voteraient en faveur du traité budgétaire européen s'il était soumis à référendum, contre 36% qui le rejetteraient, selon un sondage BVA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France.

Même approbation concernant la règle d'or prévue dans le traité et interdisant aux Etats de la zone euro d'avoir un déficit public supérieur à 0,5% du PIB : 72% y sont favorables et 25% s'y opposent, 3% étant sans opinion.

Diane Lacaze