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Lourd bilan après la mobilisation des gilets jaunes

blocage sur la rocade de Caen

blocage sur la rocade de Caen - Charly Triballeau/AFP

Après les incidents de la nuit qui ont porté le bilan à 1 mort et plus de 400 blessés, plusieurs barrages filtrants sont restés en place dimanche

Après 36 heures de mobilisation de plusieurs centaines de milliers de « gilets jaunes », le ministère de l’intérieur fait état d’un nouveau bilan très lourd : 1 mort, plus de 400 blessés, dont 14 grièvement, un nouveau bilan qui prend en compte une nuit « agitée sur certains sites », l'incident le plus grave restant celui survenu dès le samedi matin quand une une manifestante a été tuée en Savoie, au Pont-de-Beauvoisin. Selon les premiers éléments de l’enquête, une conductrice qui emmenait sa fille chez le médecin a été prise de panique quand les manifestants se sont mis à taper sur sa voiture. Elle a foncé alors sur eux, percutant une femme de 63 ans.

3.500 personnes sont restées mobilisées cette nuit, "sur 87 lieux différents". Sur environ 150 sites, les manifestants ont appelé à reconduire le mouvement dimanche, a indiqué le ministre de l’intérieur, revoyant à la hausse le nombre de participants à ce mouvement de protestation contre les taxes, avec 287.710 personnes comptabilisées sur 2.034 sites. Les forces de l'ordre ont interpellé au total 282 personnes dont 73 pendant la nuit, ce qui a donné lieu à 157 placements en garde à vue. 28 policiers, gendarmes, motards, pompiers ont été blessés et pour certains de façon grave

« J’en appelle à la responsabilité de ceux qui organisent ces manifestations. Ils ont porté un message. Il est entendu », avait déclaré hier soir le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. « Le gouvernement est attentif à toutes les mobilisations, nous devons maintenant continuer à répondre aux attentes des Français y compris en termes de pouvoir d'achat », le patron de la CFDT Laurent Berger a appelé, dans un tweet, Emmanuel Macron à « réunir très rapidement » syndicats, patronat et associations « pour construire un pacte social de la conversion écologique » .

Les forces de l'ordre intervenaient dimanche après-midi au niveau de l'échangeur d'Ifs au sud de Caen pour disperser un millier de gilets jaunes, notamment au moyen de gaz lacrymogène, sur un des barrages les plus durs du mouvement où la préfecture fait état de forts soupçons de racket d'un certain nombre d'automobilistes durant la nuit de samedi à dimanche. Les groupes Vinci et Auchan faisaient état d'incidents parfois sérieux contre des manifestants radicalisés. Dans le sud-est, les gilets jaunes perturbaient encore dimanche la circulation dans plusieurs zones, notamment le Var et le Vaucluse, sur l'A6, dans le sens Lyon-Paris, au péage de Limas au niveau de Villefranche-sur-Saône, des manifestants filtraient la circulation, entraînant un embouteillage de plusieurs kilomètres etc...

Samedi soir, un conseiller de l'exécutif a reconnu devant l’AFP, qu'il y avait « une mobilisation qui est là, il ne faut pas la nier », mais qu’elle n'était pas au niveau attendu : « ce n'est pas le raz-de-marée attendu, malgré un battage médiatique parfois surprenant », a-t-il dit. Dans l'opposition, certains sont descendus dans la rue: Laurent Wauquiez, le chef de LR, a appelé M. Macron à comprendre et « corriger ses erreurs », des élus du Rassemblement national étaient également présents aux côtés des "gilets jaunes", mais pas Marine Le Pen. Des Insoumis participaient aussi aux manifestations. Leur leader Jean-Luc Mélenchon a critiqué sur Twitter une « manipulation des chiffres de participation » et une « dramatisation » de la part du gouvernement. Il s'est rendu place de la Concorde, sans porter de gilet jaune. Le président Emmanuel Macron a perdu en novembre encore 4 points de popularité, au plus bas à 25%, selon un sondage Ifop publié dans Le Journal du Dimanche.