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Le gouvernement cherche à rassurer sur la situation budgétaire

Le gouvernement cherche à rassurer les Français sur la situation budgétaire de leur pays, assurant qu'un scénario à la grecque, avec dégradation de la note souveraine de la France, est impossible. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

Le gouvernement cherche à rassurer les Français sur la situation budgétaire de leur pays, assurant qu'un scénario à la grecque, avec dégradation de la note souveraine de la France, est impossible. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

PARIS - Le gouvernement cherche à rassurer les Français sur la situation budgétaire de leur pays, assurant qu'un scénario à la grecque, avec...

PARIS (Reuters) - Le gouvernement cherche à rassurer les Français sur la situation budgétaire de leur pays, assurant qu'un scénario à la grecque, avec dégradation de la note souveraine de la France, est impossible.

Après avoir dégradé la note de la Grèce, l'agence de notation Standard & Poor's a lancé une alerte cette semaine sur le Portugal et l'Espagne, provoquant l'affolement des marchés financiers et suscitant des inquiétudes dans d'autres pays européens à forts déficits publics.

Les trois agences de notation, Standard & Poor's, Moody's et Fitch Ratings, attribuent à la France la note maximale (AAA).

Or, selon un sondage BVA pour Canal+, la question de l'aide de Paris à la Grèce ne fait pas question - 60% des Français s'y disent favorables - mais 75% des personnes interrogées pensent que la France pourrait connaître une crise comparable.

"Il n'y a pas de risque de voir la note de la France abaissée, on est même une signature refuge", a affirmé le ministre français du Budget, François Baroin, jeudi.

Dans son rapport annuel publié en février, la Cour des comptes s'inquiétait d'un risque de dégradation de la notation souveraine de la France à l'avenir en l'absence de réformes structurelles.

La réforme des retraites, que le gouvernement veut boucler à l'automne, serait-elle un signe envoyé aux agences de notation?

"C'est un signe envoyé au monde entier que la France a des problèmes comme tous les pays et qu'on les regarde en face", a répondu sur France Inter le ministre du Travail, Eric Woerth, qui est chargé du dossier des retraites.

"L'OBSESSION" DE LA NOTE

La note de la France, "c'est leur obsession à l'Elysée", souligne un ancien ministre. "Ils savent qu'ils ne sont pas loin de plusieurs pays qui sont aujourd'hui dans l'oeil du cyclone et avancent l'argument de la note dans tous leurs rendez-vous avec les syndicats sur la réforme des retraites".

Dans l'opposition de gauche, pas question d'ajouter de l'huile sur le feu: tous soulignent l'impératif de tenir un "langage de responsabilité" sur la situation française.

Seul le fondateur du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, n'a pas écarté une théorie des dominos, touchant après la Grèce, la France "qui est un fruit autrement plus juteux que la Grèce pour ce qui est des sur-profits à faire".

François Baroin est "dans son rôle, il est là pour rassurer", a fait valoir l'ancien ministre socialiste de l'Economie Michel Sapin, sur BFM.

Pour François Hollande, "il n'y a aujourd'hui pas de signaux qui nous laissent penser que cela pourrait se produire".

La droite est cependant prise à son propre piège pour redresser la situation, a expliqué à Reuters l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste.

A ses yeux, "tout le monde feint de croire qu'on peut revenir à un déficit de 3% du PIB en 2012 sans augmenter les impôts et en maintenant le bouclier fiscal".

"La contrepartie de cette illusion, c'est qu'il faut envoyer un autre signal en faisant de la réforme des retraites le signe de la rigueur adoptée", a expliqué François Hollande.

Dans l'immédiat, la France veut aller vite en besogne pour aider la Grèce à se sortir de sa mauvaise passe.

Selon Eric Woerth, venir à la rescousse d'Athènes, c'est solidifier la zone euro. "Mettre de l'argent français, c'est nous aider nous-mêmes. Les Français doivent le comprendre".

Le plan de soutien français prévoit l'octroi d'une première tranche de 3,9 milliards d'euros à la Grèce, sur une enveloppe de 6,3 milliards en 2010.

Défendant un "acte de solidarité" indispensable, le PS a annoncé son intention de voter le plan de soutien français lundi à l'Assemblée nationale, lors de son examen en séance publique.

Le plan européen prévoit que cet argent soit prêté à la Grèce au taux de 5% alors que la France va l'emprunter aux alentours de 1,4%.

"Ce n'est pas une dépense budgétaire. Le contribuable français n'est pas appelé", a insisté François Baroin sur RTL.

Laure Bretton, édité par Yves Clarisse