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Finances publiques

Le gouverneur de la Banque de France préfèrerait ne pas toucher au taux du livret A

Christian Noyer compte laisser la formule de calcul des taux du livret A opérer

Christian Noyer compte laisser la formule de calcul des taux du livret A opérer - -

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, a expliqué à BFM Business, ce mardi 18 décembre, qu’il préfèrerait laisser la formule du calcul du taux du livret A s'appliquer automatiquement, lors de sa prochaine révision, le 1er février 2013.

Le livret A, produit d’épargne préféré des Français, va-t-il voir sa rémunération baisser ? Pour le moment rien n’est officiel. La semaine dernière, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a indiqué que "rien n’était décidé", sur le sujet, alors que le journal Les Echos avait estimé qu’une baisse de 2,25% à 2% était possible, au 1er février, date de révision de la rémunération du livret A.

Invité dans l’émission Le Grand Journal de BFM Business, ce mardi 18 décembre, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, était interrogé sur cette possible baisse.

Le successeur de Jean-Claude Trichet a alors tenu à rappeler "le système mis en place, qui est un bon système". Ce système revient à calculer le taux du livret A selon deux méthodes, l’une basée sur l’inflation et les taux interbancaires, l’autre seulement sur l’inflation, augmentée de 0,25%. Le résultat le plus favorable est retenu.

Dans la loi, le constat du résultat de cette formule est confié au gouverneur de la Banque de France. "L’évolution est normalement automatique", observe ainsi ainsi Christian Noyer.

Seulement ce dernier peut dans certains cas modifier la tendance. "Si le résultat du calcul donne toutefois donne résultat qui me semble poser de grands problèmes, j’ai la possibilité de demander au gouvernement une décision différente. Je lui fais ensuite une proposition". Il en conclut que ses interventions sont "exceptionnelles". "Normalement je me contente d'être un notaire", ajoute-t-il.

La politique de la BCE serait inefficace

La question est donc de savoir si Christian Noyer va décider d'intervenir le 1er février prochain ? Sans répondre directement, le gouverneur de la Banque de France indique préférer "laisser les choses se faire automatiquement", et donc faire jouer la méthode de calcul.

D’autant plus qu’il souligne dans la foulée "que si l’inflation baisse, empêcher les taux de baisser signifie empêcher la politique de baisse des taux de la BCE d’avoir des effets dans l’économie française. Or, si nous voulons relancer la croissance, il faut laisser cette politique avoir des conséquences en France"."Donc, normalement je dois le laisser tomber", conclut-il en parlant du taux.

Il explique ainsi que son intervention n’est limitée qu’à des cas exceptionnels "quand les taux sont négatifs ou à zéro pour éviter de décourager les épargnants".

Privilégier les réductions des dépenses pour retrouver la croissance

Dans un autre registre, le gouverneur de la Banque de France, pense que la reprise en France devrait survenir au second semestre 2013, avec un probable début de redressement au premier trimestre 2013. Il explique que cette reprise "très progressive" sera condition de la confiance des ménages qui puiseront alors dans leur épargne. "Un des soutiens de la croissance sera une baisse de ce taux d’épargne", explique Christian Noyer.

Pour que les ménages retrouvent confiance, le gouverneur de la Banque de France estime que ces mêmes ménages doivent avoir "l’impression que le gouvernement traite les dépenses. Ce n’est pas par la poursuite de hausse d’impôt que l’on règlera le problème". Autrement dit, Christian Noyer considère qu’il vaut mieux privilégier des réductions de dépenses qu’une augmentation des prélèvements pour retrouver le chemin de la croissance.

Le titre de l'encadré ici

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Le fichier positif revient "à ficher 25 millions de Français"

C’est avec une certaine réserve que Christian Noyer accueille la volonté du gouvernement de créer un fichier positif, c’est-à-dire un registre des crédits regroupant tous les prêts accordés aux Français. Un projet de loi pourrait être présenté début 2013, selon Benoît Hamon, ministre de l’Economie solidaire.

Le gouverneur de la Banque de France dit que la Banque de France est prête à le gérer mais "ce n'est pas de gaieté de cœur". Il estime que la création de ce dispositif revient "à ficher 25 millions de Français", ce qui est "délicat du point de vue des libertés publiques" et pourrait aboutir à "quelque chose de compliqué techniquement" et rappelle que la "CNIL devra se prononcer" sur la création de ce fichier.

Julien Marion