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Il fallait "limiter les rémunérations des chômeurs les mieux payés", défend l'économiste Jean-Hervé Lorenzi

Invité sur BFM Business, le président du Cercle des économistes estime que pour régler la problématique de l'emploi en France, il était nécessaire de réformer l'assurance chômage sur certains aspects.

La baisse du chômage marque le pas en France. Certes le secteur privé qui, en un an, a enregistré 273.000 créations nettes d'emplois. Mais dans le même temps, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point au troisième trimestre 2019 pour s'établir à 8,6% de la population active. Dans ce contexte, Jean-Hervé Lorenzi, invité ce jeudi dans l'émission "12H, L'Heure H" sur BFM Business et président du Cercle des économistes, estime que les efforts pour tenter de diminuer le taux de chômage doivent donc être maintenus. Et ce, bien qu'il reconnaisse l'efficacité de certaines mesures, notamment sur le volet de l'apprentissage.

Une assurance chômage "solide", mais une réforme controversée

Concernant la réforme décriée de l'assurance chômage, le président du Cercle des économistes estime que l'exécutif a eu "raison" de se pencher sur la question. "Tout le monde sait que, par exemple, limiter le chômage et mieux rémunérer au chômage ce n'est pas un crime contre l'humanité puisque l'on sait qu'ils (les demandeurs d'emploi les mieux indemnisés, NDLR) trouvent assez facilement un emploi. (…) Après cela, je les trouve trop durs sur les tout petits salaires. (…) C'est quand même très tendu. (…) On a un système d'assurance chômage qui est quand même très solide. (…) C'est difficile de juger cette loi dans son intégralité. Je la trouve un peu dure sur un certain nombre de sujets. Et je trouve qu'ils ont raison sur (le fait de) limiter les rémunérations des chômeurs les mieux payés", conclut-il.

Mais Jean-Hervé Lorenzi met en exergue une autre problématique de taille: celle du logement. "A l'évidence, les réformes El Khomri et Pénicaud c'est bien. Ce qui ne marche pas c'est le logement". Faisant référence au fait que des personnes en recherche d'emploi puissent être amenées à refuser un poste dans une région compte tenu d'un manque de logements, il estime que pour créer une véritable dynamique en matière d'emploi, il conviendrait d'appréhender cet enjeu au travers d'un prisme plus large en incluant cette problématique du logement.

"Sur les 200, 300, 400.000 emplois vacants", il faut vraiment "avoir une politique complètement cohérente qui permet aux gens de se sentir soutenus, se sentir accueillis", de conserver "un logement social (…). Donc un truc plus malin que ce qui est fait aujourd'hui", pointe-t-il. Et de préciser: "Parce qu'il y a quand même 300 ou 400.000 emplois vraisemblablement que l'on doit pouvoir récupérer en peut-être un an ou deux. Et 300.000, 400.000 emplois, ça commence à se rapprocher des 7%" de taux de chômage.

"A croissance très faible, finalement on crée plus d'emplois"

Malgré cela, Jean-Hervé Lorenzi demeure optimiste. "En réalité on bénéficie des 'gilets jaunes' puisque c'est 17 milliards qui font que l'on a une croissance qui n'est pas de 0,1% comme fait l'Allemagne mais c'est une croissance qui est entre 0,3 et 0,4% par trimestre et qui permet, en réalité, de créer de l'emploi", explique-t-il.

"Mais ce qui est très étonnant", poursuit l'économiste, "c'est l'idée que à croissance très faible, finalement on crée plus d'emplois que ce que l'on créait avec une croissance plus forte. (…) Et alors deuxième aspect, quand on regarde les chiffres d'il y a trois jours, il y a plus de CDI que ce qu'il y a avait précédemment. C'est-à-dire qu'il y a quand même un mouvement de confiance. (…) Dans le fond, il y a plutôt un trend qui est bon", conclut-il.

J.C-H