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Immobilier : Le PTZ bientôt élargi ?

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Jusqu'à présent le gouvernement a tout fait pour réduire la distribution de Prêts à Taux Zéro. Un nouveau coup de rabot est d'ailleurs encore prévu pour l'an prochain. Pourtant, si l'exécutif devait s'inspirer de ses prédécesseurs on devrait bel et bien avoir un élargissement du PTZ d'ici un ou deux ans.

Pour l'instant rien n'indique encore que le Prêt à Taux Zéro pourrait être élargi. L'an dernier, le gouvernement a d'abord réduit la part de l'emprunt financé en PTZ pour l'achat d'un logement neuf dans les zones détendues (les zones B2 et C). L'impact a été immédiat avec seulement 87.000 dispositifs enregistrés en 2018 contre 123.000 en 2017 soit une baisse de 36.000 PTZ en l'espace d'un an.

Une volonté politique...

Cette année, en l'absence de nouvelle modification, on devrait se maintenir voire même légèrement repartir à la hausse compte tenu des conditions d'emprunts globalement historiques. L'an prochain en revanche on s'attend de nouveau à une forte baisse avec la disparition totale annoncée du PTZ neuf dans les zones détendues.

Lors d'un déplacement cette semaine au congrès de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) le ministre du logement, Julien Denormandie a confirmé que cette mesure était toujours au programme et que l'intention du gouvernement était bien de favoriser la rénovation dans les zones détendues plutôt que la construction.

... Face à des enjeux électoraux

Pourtant depuis la création du Prêt à Taux Zéro au milieu des années 90, il apparaît une forme de "tradition électoraliste". À l'approche de l'élection présidentielle le gouvernement en place décide en effet à chaque fois d'élargir le dispositif. On facilite l'accès à la propriété et on en fait un argument de campagne. Résultat : on constate une nette hausse du nombre de PTZ accordés dans les années préélectorales.

Le PTZ au gré des élections présidentielles

Il suffit de regarder les chiffres de la SGFGAS (Société de Gestion des Financements et de la Garantie de l'accession Sociale à la propriété) de ces quinze dernières années. Des chiffres de productions annuelles de PTZ qui englobent donc trois élections présidentielles. On voit systématiquement un pic dans les années préélectorales.

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Pour la présidentielle de 2007, les conditions ont été assouplies dès 2005 et les plafonds de revenus relevés en zone A en 2006. On passe ainsi de seulement 78.000 PTZ distribués en 2004 à environ 240.000 en 2006 et 2007.

Pour la présidentielle de 2012, c'est un coup de pouce spectaculaire qui a été donné. En 2011 on a tout simplement supprimé les conditions de ressources. On est ainsi passé d'environ 220.000 PTZ annuels au début du mandat de Nicolas Sarkozy à 350.000 la veille de l'élection de 2012.

Quant à la présidentielle de 2017, là aussi les conditions ont été assouplies l'année d'avant l'élection. Le nombre de Prêts à Taux Zéro est alors passé de 40.000 par an au début du mandat de François Hollande à environ 120.000 à la fin.

Une stratégie pas forcément gagnante 

Alors est-ce à dire que le gouvernement actuel va adopter le même comportement ? Peut-il complètement revoir sa stratégie "zones tendues, on construit", "zones détendues, on rénove" ? L'histoire montre en tout cas que cette stratégie électoraliste n'a profité ni à Nicolas Sarkozy en 2012 ni à François Hollande, ou au candidat socialiste, en 2017.

Emmanuel Macron, si il souhaite malgré tout s'inspirer de ses prédécesseurs, devrait selon toute vraisemblance relancer la production de Prêts à Taux Zéro en 2021. Une mesure qui ne garantie visiblement pas une réélection mais qui cette fois-ci aurait au moins l'avantage d'être moins coûteuse pour les finances publiques au regard du niveau historiquement bas des taux d'intérêt.

Marie Coeurderoy