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Immobilier : Prix « irréalistes », petites surfaces… Ce que redoutent les acquéreurs

Celles et ceux qui aspirent à avoir une estimation précise d'un bien immobilier n'ont plus à renseigner leur numéro fiscal pour utiliser ce nouvel outil.

Celles et ceux qui aspirent à avoir une estimation précise d'un bien immobilier n'ont plus à renseigner leur numéro fiscal pour utiliser ce nouvel outil. - Pixabay

Une étude menée par l'Observatoire du Moral immobilier pointe les nouvelles inquiétudes des investisseurs lorsqu’il s’agit d’acheter.

Les taux d’intérêt ont beau être maintenus à un niveau historiquement bas, le moral des acheteurs immobiliers français ne se révèle pas meilleur pour autant. De fait, selon une étude de l'Observatoire du Moral immobilier publiée par l'institut Kantar TNS pour Logic-Immo, il apparaît que « non ».

Pourtant, tous les indicateurs sont actuellement au vert. Même le nombre de transactions a progressé en 2018. Le problème tient au fait que les spécialistes du secteur sont un certain nombre à considérer qu’un retournement du marché est en passe d’arriver.

Moins d’intentions d’achats

La 27e édition du rapport de l’Observatoire en atteste. Le document précise que, certes, il y a toujours plus de demandes que d'offres, avec 1,5 acheteurs pour 1 vendeur, mais les acquéreurs sont aujourd'hui moins nombreux qu'il y a un an.

Alors que 3,5 millions de Français envisageaient en effet d’acheter un bien il y a un an, ils ne seraient plus que 3,1 millions à souhaiter se lancer dans ce type de projet en 2019. Mais si la volonté d’investir dans la pierre a reculé de 6% en un an, elle n’en reste pas moins bien présente puisque 69% de futurs acquéreurs estiment que c'est le bon moment pour s’y atteler.

Parallèlement à cela, le document détaille que le nombre de vendeurs est passé de 2,1 millions en début d’année, contre 2 millions en janvier 2018. Mais la pression sur les ménages demeure forte... Malgré un optimisme porté par des taux d’intérêt stables et attractifs avoisinant 1,5 % sur 20 ans, le pouvoir d’achat n’a, lui, pas particulièrement augmenté. C’est même l’exact opposé.

Aussi, pour compenser cette augmentation tarifaire, les investisseurs optent désormais de plus en plus pour un endettement à plus long terme. Comme le souligne l’Observatoire du Crédit Logement/CSA, les durées d’emprunt ont augmenté de 22 mois depuis 2013. Du jamais vu.

« Irréalistes » 

En outre, ce qui pèse clairement sur le moral des acheteurs c’est bien évidemment la hausse des prix. 58% des investisseurs estiment qu’ils se révèlent tout simplement « irréalistes » ! Ils sont même 65% à le penser en Île-de-France où le marché immobilier est encore plus tendu (1,6 acquéreur pour 1 vendeur).

Aussi, les acheteurs n’hésitent plus aujourd’hui à réviser leurs exigences. S’ils étaient 73% début 2018 à être disposés à faire des concessions, ils sont désormais 82% à l’accepter. Pour concrétiser leur projet, 44% des acquéreurs songent à investir dans une surface plus petite. Preuve en est, selon l'Observatoire du Crédit Logement/CSA, la surface achetable a diminué dans la majorité des villes de plus de 100 000 habitants.

Le pire à venir ?

Comme si cela ne suffisait pas, l’étude pointe le fait que 36% des acquéreurs s’attendent aujourd’hui à une dégradation de leur niveau de vie en France. Une anticipation qui pourrait avoir pour conséquence de ralentir le marché, soulignent les économistes.

Autres points d’inquiétude : le nombre de constructions de logements neufs a chuté de 7% en 2018. La diminution des aides fiscales d’accession à la propriété comme le PTZ ou la fin de l’APL-accession n’arrangent en rien ni les projets d’acquisition des investisseurs, ni ceux des promoteurs immobiliers. Lesquels redoutent un ralentissement de la demande. Selon la Fédération Française du Bâtiment, 20 000 primo-accédants ont été contraints de renoncer à leur projet immobilier l’an passé.

Dans ce lot de chiffres peu encourageants, le document révèle toutefois quelques heureuses nouvelles. A commencer par le nombre réduit d'acquéreurs tablant sur une augmentation tarifaire dans les mois à venir. Dans un marché fortement déterminé par la demande, anticiper une fin de la hausse des prix constitue, selon les analystes, déjà un signe de retournement.

Julie COHEN-HEURTON