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Jacques Attali: "Il y a une dictature idéologique du libéralisme en Europe"

Jacques Attali était l'invité d'Hedwige Chevrillon sur BFM Business ce lundi 16 spetembre.

Jacques Attali était l'invité d'Hedwige Chevrillon sur BFM Business ce lundi 16 spetembre. - -

L'écrivain, président de Planet Finance, était l'invité de BFM Business ce lundi 16 septembre. Il y a dévoilé les grandes lignes du rapport sur l'Economie positive qu'il rendra au président samedi prochain.

Dimanche soir sur TF1, le président français assurait que la reprise était là, et que le pari de l'inversion de la courbe du chômage serait remporté. Ce lundi 16 septembre au matin, le président de la Banque centrale européenne MArio Draghi relativisait, indiquant que la reprise est très légère.

Sur BFM Business ce lundi, l'ancien conseiller spécial de François Mitterand, aujourd'hui directeur de l'organisation de solidarité internationale Planet Finance, Jacques Attali, se montrait sceptique. "Mario Draghi est extrêmement prudent, comme s'il avait des informations que tout le monde n'a pas. Il est même encore plus pessimiste encore en privé", assure-t-il. "C'est une convalescence, mais on n'est pas à l'abri d'une rechute", met-il en garde.

Un facteur de reprise durable serait selon lui l'économie positive. L'ancien haut fonctionnaire fait partie d'un groupe de travail international qui doit rendre un rapport sur ce thème à François Hollande samedi 21 septembre. Il formulera des propositions pour favoriser "l'économie du long terme, qui prend ses décisions en fonction des intérêts de la génération suivante".

La tyrannie du court terme a mené à la crise

"C'est la tyrannie du court terme qui a entraîné les dérives financières" qui ont mené à "la crise actuelle" estime l'économiste. Pour en sortir, il faut faire en sorte que "le capitalisme soit beaucoup plus patient". Parmi les pistes préconisées, "l'entreprise ne devra plus être uniquement la propriété de ses actionnaires, mais donner un droit de vote aux générations suivantes", dévoile l'économiste, sans préciser davantage. Il faut par ailleurs que "des critères de décision valorisent le caractère positif de l'économie dans les marchés publics, dans la fiscalité, dans la gestion de l'épargne".

Le groupe de travail a créé un indicateur du caractère positif de l'économie. En résulte un classement de quarante pays, qui ne sera dévoilé que samedi, mais dans lequel la France n'est pas bien placée, révèle Jacques Attali. Parce que "nous sommes un pays qui juxtapose des rentes, la préservation des acquis".

C'est pourquoi "une politique industrielle française est absolument nécessaire", estime-t-il. C'est grâce à celles qui ont été mises en place dans le passé que "la France est aujourd'hui leader industriel dans de nombreux secteurs". Nous devrions en avoir une "sur les minerais stratégiques, sur les énergies de demain, sur tout ce qui concerne le très long terme et sur lequel les entreprises ne sont pas trop tentées de se lancer tout de suite". "Le rôle de l'Etat est d'aider les entreprises à augmenter de dix ans leur horizon", martèle l'économiste. Un chantier qui devrait d'ailleurs être européen, mais qui ne sera pas entamé "tant qu'il y aura une dictature idéologique du libéralisme en Europe".

N.G.