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Economie et Social

L'activité des PME est restée solide en 2019 mais les sociétés exportatrices sont sous pression

Activité, investissements, emploi, perspectives... Les chefs d'entreprises restent optimistes malgré les vents contraires. Mais les disparités restent fortes, selon la dernière enquête de conjoncture de bpifrance.

Malgré le ralentissement économique, le Brexit et les guerres commerciales, les PME françaises ont plutôt bien résisté selon la 70e édition de l'enquête de conjoncture Le Lab réalisée pour bpifrance*.

Concrètement, les dirigeants de PME s’attendent à une croissance de leur chiffre d’affaires de +3,8% en 2019, comme en 2018, et ce malgré un léger tassement de leurs carnets de commandes sur les six derniers mois. Le solde d’opinion sur l’évolution du chiffre d’affaires est ainsi stable sur un an (à +25), à un niveau toujours bien supérieur à sa moyenne de long terme (+17).

Les dirigeants ont donc revu à la hausse leurs prévisions, alors qu’ils prévoyaient en moyenne une croissance de leur chiffre d’affaires en 2019 de 2,7% en mai dernier.

Emploi: un optimisme au plus haut depuis 2001

Même solidité du côté de l'emploi puisque les PME interrogées déclarent avoir accéléré leurs embauches en 2019, en particulier celles de petite taille et tournées vers le marché domestique. À +19, le solde d’opinion sur l’évolution de l’emploi progresse de 3 points en un an et atteint son niveau le plus haut depuis 2001.

"L’accélération des embauches signalée par les PME est cohérente avec la croissance soutenue de l’emploi observée en France depuis le début de l’année. Celle-ci pourrait en partie s’expliquer par la transformation du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de cotisations sociales au 1er janvier 2019, qui a permis une baisse du coût du travail. Les difficultés de recrutement demeurent néanmoins élevées, avec près de la moitié des chefs d’entreprises qui déclarent rencontrer beaucoup de difficultés à recruter", peut-on lire. En effet, l'année de transition sur le CICE a eu un effet double: les baisses de charges, qui sont immédiates, se sont ajoutées aux versements du CICE liés à l'activité de l'année précédente.

Evidemment, ce tableau positif cache d'importantes disparités. Ainsi, les PME de la construction, portées par l’accélération de l'investissement public à l’approche des élections municipales, et celles opérant dans les services font part d’une accélération de leur activité (solde d'opinion en hausse de 7 points) et de leurs embauches.

Mais les PME de l’Industrie, affectées par un environnement international moins porteur et surtout un cycle industriel mondial en correction depuis plusieurs trimestres, enregistrent un ralentissement à la fois de leur activité et de leurs embauches (-7 à +23). C’est le cas également des PME des transports.

Trésoreries plus confortables

Traduction, les PME orientées vers le marché domestique résistent mais les PME internationalisées pâtissent d’un environnement extérieur plus dégradé. Ainsi, le solde d’opinion sur l’activité des PME exportatrices chute de 11 points à +25 alors que celui relatif aux PME non-exportatrices progresse de 4 points. 

Côté investissements, là encore le bilan reste positif puisque 52% des PME déclarent avoir investi ou prévoient de le faire d’ici la fin d’année contre 57% un an plus tôt (pour l’année 2018). Le solde d’opinion relatif à l’évolution annuelle du volume d’investissement, c’est-à-dire l’ensemble des montants investis dans l’année, est en revanche stable sur un an à +7, un niveau toujours bien supérieur à sa moyenne de long terme. Le principal frein à l’investissement demeure la faiblesse de la demande, cité par 51% des PME.

Il faut dire que dans le même temps, l’état de la trésorerie des PME a continué de s’améliorer (solde d’opinion en hausse de 5 points sur un an à −3) et dépasse sensiblement son niveau d’avant-crise. L’accès au crédit d’investissement s’est par ailleurs assoupli alors que seules 10 % des PME déclarent rencontrer des difficultés pour en obtenir (contre 11% un an auparavant).

Côté régions, le baromètre met en avant d'autres disparités avec des PME du Centre Val de Loire et de Provence Alpes Côte d’Azur qui afficheraient une croissance supérieure à 5%. À l’inverse, l’activité des PME ralentirait dans les Hauts de France et en Bourgogne Franche Comté, régions les moins dynamiques.

La confiance se maintient pour 2020

Pour 2020, avec une croissance qui devrait tourner autour de 1%, les PME sont dans l’ensemble confiantes même si l’emploi devrait perdre un peu de vitesse avec un solde d'opinion sur l'activité à +24, et un solde d'opinion sur l'emploi à +19, en baisse de 3 points sur un an.

Si les perspectives d’activité s’amélioreraient dans le tourisme (8 points sur 1 an), et dans une moindre mesure dans les transports, la construction et les
services, elles se dégraderaient dans le commerce (4 points) et surtout l’industrie (7 points).

"Les PME de l’industrie, et plus particulièrement celles qui exportent, continuent de corriger leurs anticipations d’activité et d’embauches, dans un contexte international toujours entouré d’incertitudes, notamment vis-à-vis de la politique commerciale américaine, de la croissance des pays européens voisins (Allemagne en particulier) et des négociations autour de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne", peut-on lire.

Dans le même temps, l'étude souligne que "les PME n’anticipent, à ce stade, a priori pas de contagion marquée de la dégradation récente de l’environnement extérieur".

*La 70e enquête semestrielle de conjoncture de Bpifrance Le Lab a été réalisée sur un échantillon de 37.000 entreprises de 1 à 249 salariés entre mi-novembre et début décembre 2019, par voie postale ou numérique. L’analyse s’appuie sur un échantillon de 4.292 réponses reçues avant le 10 décembre.

Olivier Chicheportiche