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L'âge pivot, une mesure "hypocrite" qui fera "peu d'économies" selon Agnès Verdier-Molinié (Ifrap)

La présidente du think-tank libéral estime que le gouvernement, qui a "pris les choses à l'envers" avec la réforme des retraites, ne réalisera que très peu d'économies avec l'âge pivot. Elle préconise plutôt de repousser l'âge de départ à la retraite.

Pour l'Ifrap, repousser l'âge de départ à la retraite est une obligation pour pérenniser le système par répartition. "En réalité, tous les pays qui nous entourent, on le sait tous, travaillent déjà jusqu'à 65 ans. Donc est-ce qu'on est pas un peu ridicules en France en ce moment?", s'interroge la directrice du think tank libéral, Agnès Verdier-Molinié, qui était invitée ce mardi sur BFM Business dans l'émission "12h, l'Heure H".

Et d'expliquer "l'erreur" du gouvernement qui a voulu "courir deux lièvres à la fois avec, d'une part, la grande réforme avec le régime universel où tout le monde est dans un système unique, et de l'autre côté, l'âge pivot tout en disant qu'ils allaient maintenir l'âge à 62 ans. C'est vrai que l'erreur originelle, elle vient plutôt du gouvernement qui s'est engagé à ne pas bouger ces 62 ans alors que c'est une folie de ne pas bouger l'âge de départ à la retraite. C'est impossible d'équilibrer le système de pension, qu'il soit unique ou avec ses 42 régimes actuels, sans repousser l'âge", juge-t-elle.

L'âge pivot, une mesure "hypocrite"

Et d'enfoncer le clou: "de toute façon, et toutes les études d'opinion le montrent, les Français savent qu'ils vont devoir travailler plus longtemps". Et de dénoncer finalement le concept d'âge pivot "qui est une façon hypocrite de repousser l'âge" de départ à la retraite. "Le problème c'est qu'on fait les choses à l'envers. On part sur la soi-disant réforme systémique qui en fait ne résout rien, qui en rajoute d'une certaine manière parce que ça créé des dépenses supplémentaires. Et ça créé encore plus une urgence de report de l'âge".

D'autant plus que, selon la directrice du think-thank libéral, même avec un âge pivot, les économies générées seront inférieures aux attentes. "Ce qu'on peut dire c'est qu'effectivement si c'est un âge pivot temporaire comme propose Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, par exemple en s'inspirant de l'âge pivot qui existe déjà à l'Agirc-Arrco (caisse de retraite complémentaire des salariés du privé, NDLR), ça fera très peu d'économies. (...) Avec un âge pivot avec un malus qui dure sur l'ensemble de la pension, on peut espérer à l'horizon 2027 sept milliards d'économies. Si on est sur un malus temporaire, on est à peine sur 2 milliards d'euros d'économies. Sachant que le Conseil d'orientation des retraites nous dit qu'en 2025-2027 on est autour de 15-17 milliards d'euros de déficit sur nos régimes de pension. Donc ce n'est pas du tout suffisant. On est sur une goutte d'eau". 

Olivier Chicheportiche