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Economie et Social

L’armée, c’est surtout bon pour la croissance, pas spécialement pour la Défense

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Le ministre de la défense a présenté la loi de programmation militaire, discutée au parlement cet automne. Ce qui a frappé les imaginations, ce sont les suppressions de poste qui se traduisent par des fermetures de régiment. L'armé coûte-t-elle trop cher ?

Il n’est jamais agréable de se dire que l’on dépense de l’argent pour faire la guerre mais le vieux principe romain « si tu veux la paix prépare la guerre » reste pertinent. En fait la France au niveau mondial représente 3% des dépenses militaires, ce qui correspond à son poids économique. Les Etats-Unis représentent 40% des dépenses militaires mondiales, nous en sommes évidemment très loin. Et nous sommes dépassés par le Royaume-Uni et même le Japon.

En fait, le budget qui est de 32 milliards d'euros est sur bien des domaines à l’étiage. Par exemple, nous avons un seul porte-avion. Ce qui fait que dans les périodes où il est immobilisé pour entretien, nous n’en avons pas… Il faut donc que l’ennemi se montre compréhensif et ne nous attaque pendant ces périodes ! Lors de la dernière présidentielle, il y a eu un débat sur la construction d’un deuxième porte avion –cela coûte 2,5 milliards- et puis tout s’est enlisé.

Il faudrait donc faire un effort supplémentaire

Probablement, mais il faudrait surtout faire des choix cohérents et s’y tenir. En Suède, les responsables militaires sont en train de se dire que pour garder une aviation, il leur faudra supprimer l’armée de terre, la population étant susceptible d’être mobilisée en urgence en cas d’invasion. En France, Jean-Yves Le Drian est plutôt conscient de ces problèmes car cela fait longtemps qu’il y réfléchit ; mais il se heurte à des inerties et à de féroces lobbies.

Qui sont-ils ?

Le plus redoutable est celui des élus locaux qui considèrent que l’armée est là pour donner des emplois à leur région. Quand a été dessinée la carte militaire sous la IIIe République, la réflexion portait sur le positionnement des régiments et des arsenaux par rapport à une potentielle invasion allemande. Aujourd’hui, on a l’impression qu’elle va être dessinée par la menace d’une potentielle invasion du bureau du ministre par des élus en colère.

L’idée que la défense serve à la sécurité du pays leur est devenue étrangère. Et pourtant, ce sont peut-être les Suédois qui ont raison. Nous avons besoin d’une armée très automatisée avec des matériels très performants et de moins en moins de régiments en caserne, d’autant que chaque disparition, en pratique réalisée au compte goutte, devient un psychodrame politique.

Jean-Marc Daniel