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Finances publiques

L'Assemblée nationale adopte le budget 2018 en première lecture

L'Assemblée a largement approuvé le projet de budget pour 2018.

L'Assemblée a largement approuvé le projet de budget pour 2018. - Philippe Lopez - AFP

Le texte, qui prévoit une réforme importante de la fiscalité, va désormais être examiné par le Sénat. En voici les principaux points.

Les députés ont approuvé, en première lecture et à une large majorité, l'ensemble du projet de loi de finances pour 2018. 356 députés ont voté pour, 175 contre et 27 se sont abstenus. Les élus LaRem-MoDem ont voté pour, socialistes, communistes et Insoumis contre, comme les LR. La majorité des Constructifs LR-UDI se sont abstenus.

En voici les principales mesures. 

Taxe d'habitation

La réforme de la taxe d'habitation débutera par une première baisse de 30%, soit 3 milliards d'euros. Près de 80% des foyers actuellement assujettis à cet impôt, soit plus de 17 millions de ménages, seront concernés. Deux étapes similaires suivront en 2019 et 2020, avec des réductions de 6,6 milliards d'euros et de 10,1 milliards, aboutissant à la suppression de cette taxe pour les ménages concernés. Le gouvernement a promis de compenser "à l'euro près" le manque à gagner pour les communes.

Impôt sur la fortune

L'ISF, qui touche aujourd'hui 351.000 foyers dont le patrimoine dépasse 1,3 million d'euros, sera transformé en "impôt sur la fortune immobilière" (IFI), de façon à inciter les épargnants aisés à investir dans les entreprises. Cette réforme devrait entraîner un manque à gagner de près de 3,2 milliards d'euros pour l'État. En 2016, l'ISF a rapporté près de 5 milliards.

Les députés ont augmenté la taxation de certains biens de luxe. Ils ont taxé les propriétaires de grands bateaux de plaisance, augmenté la taxe sur la cession des métaux précieux et créé une taxe additionnelle pour les voitures de sport. Mais le tout ne devrait rapporter qu'entre 40 et 50 millions d'euros.

"Flat tax"

Un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%, parfois qualifié de "flat tax", sera mis en place sur les revenus mobiliers, à l'exception du Livret A, du PEA (épargne en actions) et des contrats d'assurance-vie de moins de 150.000 euros et gardés plus de huit ans. Cette réforme, visant à simplifier la fiscalité du capital et à la rapprocher du niveau des autres pays européens, coûtera 1,3 milliard d'euros en 2018. La réduction d'impôt sur le revenu ("Madelin") pour un investissement dans les PME passe de 18 à 25% dans un plafond de 10.000 euros.

Impôt sur les sociétés

Le gouvernement a confirmé la baisse décidée par l'ancienne majorité pour 2018, avec un taux réduit de 28% jusqu'à 500.000 euros et un taux normal maintenu à 33,3% au-delà. La baisse doit ensuite se poursuivre tout au long du quinquennat, avec des paliers uniformes pour toutes les entreprises: 31% en 2019, 28% en 2020, 26,5% en 2021 et 25% en 2022. Cette baisse diminuera de 11 milliards d'euros la charge fiscale pesant sur les entreprises d'ici à 2022. La transformation du CICE en baisse de cotisations patronales n'interviendra qu'en 2019 mais elle sera précédée en 2018 d'une diminution d'un point du taux, de 7% à 6% de la masse salariale jusqu'à 2,5 Smic.

Fiscalité énergétique

La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) augmentera de 2,6 centimes par litre de gazole chaque année pendant quatre ans, pour s'aligner sur la fiscalité de l'essence. Avec la hausse programmée de la taxe carbone, le diesel devrait rapporter 3,7 milliards d'euros de plus à l'État en 2018.

Le crédit d'impôt transition énergétique (CITE) est réduit et même supprimé là où le bénéfice environnemental est faible.

Économies

Pour tenir ses engagements européens de réduire le déficit (à 2,8% du PIB en 2018 après 2,9% prévus en 2017), le gouvernement veut réaliser 15 milliards d'économies par rapport à la hausse spontanée des dépenses. Sept seront réalisés sur le périmètre de l'État, et cinq sur celui de la Sécurité sociale. Trois milliards d'économies seront par ailleurs réclamées aux collectivités locales, via un "contrat" passé avec les 319 plus grosses d'entre elles. Deux missions, côté État, seront principalement mises à contribution: les aides publiques au logement et les contrats aidés.

Le budget prévoit aussi une baisse des effectifs de 1600 postes, dont 354 pour l'État et 1276 pour ses opérateurs. Les députés ont rétabli le jour de carence dans la fonction publique en cas d'arrêt maladie.

Y.D. avec AFP