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Economie et Social

L’économie française continue de remonter (lentement) la pente

Au cours de la deuxième semaine de déconfinement, certains secteurs connaissent une reprise vigoureuse comme la coiffure/beauté ou l'électroménager/hifi. D'autres souffrent toujours beaucoup, à l'instar de l'habillement ou de l'automobile.

Comment et à quel rythme l’économie française redémarre-t-elle après deux mois de mise à l’arrêt pour endiguer l’épidémie de Covid-19? C’est ce que nous mesurons chaque semaine avec ce tableau de bord du déconfinement.

Un tableau de bord composé d’une trentaine d’indicateurs existants sur une base hebdomadaire voire quotidienne, qui concernent tous les secteurs de l’industrie, des services, du commerce, qui concernent aussi l’emploi, la confiance des ménages et des entreprises, qui sont publics ou qui nous sont fournis en exclusivité.

D'abord le point de départ : si l’on en croit l’Insee, le creux de l’activité a été atteint dans la deuxième quinzaine de mars, avec une baisse de 37% de l'activité par rapport à un mois normal.

Que nous disent nos indicateurs? Il y a bien eu un effet accélérateur post 11 mai dans les secteurs qui avaient commencé à redémarrer comme l’industrie et la construction. Effet plus spectaculaire encore dans le commerce, sauf l’alimentaire qui poursuit sur sa lancée. Les données de la fintech Sumup sont spectaculaires: la semaine du 5 mai, l’activité dans les salons de coiffure et les instituts de beauté était inférieure de 94% à une semaine normale. La semaine du 11, elle était supérieure de 36%. 

Si bien qu’à la fin de la semaine dernière, l’économie française tournait à un peu moins de 75% de ses capacités, presque 10% de plus que la semaine précédente.

Reprise dans les chantiers et le commerce

Au cours de la semaine qui se termine ce vendredi 22 mai, l’économie française a poursuivi sa convalescence, mais à un rythme bien plus modéré qu’après le début du déconfinement le 11 mai.

Dans la construction, la reprise des chantiers se poursuit, si l’on en croit l’enquête hebdomadaire réalisée par les cellules économiques régionales de la construction (CERC) à l’initiative de la Capeb et de FFB: 72% des chantiers ont désormais repris, contre 53% seulement le 5 mai, mais cela va être de plus en plus dur, compte tenu notamment de la défaillance des commandes publiques et des contraintes sanitaires imposées par le Covid-19.

Du côté de l’industrie, semaine calme, si l’on en croit la modeste augmentation du nombre des factures réglées par les industriels par rapport à la semaine précédente, d’après le site de paiement IbanFirst. C’est vrai que c’est une semaine traditionnellement calme que celle du pont de l’Ascension. Meilleure preuve de ce calme: la production et la consommation d’électricité ont baissé cette semaine par rapport à la semaine précédente nous dit RTE.

Le commerce, enfin, continue à sortir de sa torpeur. La semaine du 18 mai a été marqué par un frémissement des ventes d’automobiles, 30% d’une semaine normale, mais c’était 20% la semaine du 5 mai nous dit AAA Data. Côté alimentation, le marché de Rungis est un bon baromètre: il tourne à 90% de ses capacités habituelles, on était tombé à 60% au cœur du confinement. Et ce malgré des restaurants et cafés toujours fermés. 

L'économie tourne à 77% de ses capacités

Certains secteurs bénéficient d’un rattrapage vigoureux nous dit le groupement des cartes bancaires. C'est le cas de la coiffure/beauté, de l'électroménager/hifi, des jouets/sports ou encore des librairies. 20% de plus au moins que la même semaine il y a un an. D’autres repartent mais restent encore en deçà de la normale à l'instar de l'habillement: -15% le 17 mai sur un an. D’autres sont encore très loin de la normale (carburants, autoroutes, transports...).

Autre marché qui se dégèle, même si c’est encore timidement: la publicité. Le nombre de spots diffusés à la télé est aujourd’hui inférieur de 60% à une semaine normale, contre -64% les semaines précédentes.

Entre la production, et la vente, il y a la logistique. Et là encore, le redressement est sensible : cette semaine, le nombre de transports effectués n’était inférieur que de 8% à la même semaine il y a un an. On était à -26% environ début mai, -50% début avril nous dit l’indice Winfret de l’éditeur de logiciel de transport Abacom.

Au final, on peut dire qu’après cette deuxième semaine de déconfinement l’économie française tourne à presque 77% de ses capacités, contre 63% au pire du confinement et 75% la semaine dernière.

Emmanuel Lechypre