BFM Business
Economie et Social

L'Insee à contre courant du pessimisme ambiant

Selon l'Insee, la croissance française plafonne à 0,2% au deuxième trimestre.

Selon l'Insee, la croissance française plafonne à 0,2% au deuxième trimestre. - THOMAS SAMSON / AFP

Pour l'Insee, le cycle de croissance n'est pas à bout de souffle. S'il table désormais sur une croissance 2018 de 1,6% (contre 1,7% dans sa précédente estimation), dans le même temps, l'institut de conjoncture enregistre des performances estivales meilleures que prévu pour l'économie française. Il relève aussi ses prévisions pour l'automne.

C’est une prévision à contre-courant du pessimisme ambiant que nous livre l’Insee dans l’actualisation de son scénario économique pour le second semestre de l’année 2018.

En juin, l’institut de conjoncture estimait que la croissance allait atteindre 0,4% au troisième et au quatrième trimestre. Mais après la parution depuis la rentrée de plusieurs baromètres de l’activité orientés à la baisse, sur fond de freinage marqué du commerce mondial et de hausse du pétrole mangeuse de pouvoir d’achat plus forte que prévu, il n’aurait pas été absurde que les statisticiens nationaux rabotent leurs pronostics. 

Révision à la hausse de la croissance estivale

Et bien ils ont fait exactement le contraire. Malgré des vents contraires qui semblent souffler plus fort, ils estiment désormais que le PIB a progressé de 0,5% durant l’été et qu’il croîtra de 0,4% à l’automne soit 0,1 point de plus sur le semestre que dans la prévision publiée en juin. Certes sur l’année, l’augmentation du PIB est revue légèrement en baisse à 1,6% au lieu de 1,7%, mais uniquement à cause du trou d’air plus fort que prévu subi au printemps.

Comment expliquer ce surcroît d’optimisme ? D’abord par le rebond attendu du commerce mondial. Le Brexit inquiète, mais la locomotive américaine ne faiblit guère, et la Chine ralentit peu. Une accélération des échanges dont la France profitera d’autant que l’euro s’est affaibli face au dollar. Cerise sur le gâteau: les exportations seront tirées en fin d’année par le calendrier favorable des livraisons aéronautiques.

Ensuite il ne faut pas négliger le contrecoup des longues grèves qui ont perturbé le secteur des transports au deuxième trimestre. Le simple retour à la normale de l’activité a mécaniquement stimulé l’activité durant l’été, tout comme le bond spectaculaire des immatriculations d’automobiles.

Pouvoir d'achat en hausse

Et la consommation repartirait au dernier trimestre grâce à la vive progression du pouvoir d’achat attendue sous l’effet des baisses de cotisations salariales et de la réduction de la taxe d’habitation. Dans un contexte marqué par le reflux net de l’inflation, il augmenterait de 1,7% sur le seul dernier trimestre de l’année 2018. L’Insee ne prévoyait que 1,5% de hausse au mois de juin ! Il faut remonter à 2002 pour retrouver un tel gonflement du porte monnaie des Français sur trois mois…

L’investissement des entreprises resterait tonique : les capacités de production tournent à plein régime dans l’industrie et la situation financière des entreprises est solide, en témoignent les taux de marge et d'autofinancement toujours élevés… Les ménages seraient en revanche plus prudents dans leurs dépenses de logement, après deux années très dynamiques.

Au final, l'économie française créerait environ 130 000 emplois en 2018 et le taux de chômage s'établirait à 8,9 % en fin d'année, exactement comme fin 2017, ce qui peut paraître décevant, mais les nouveaux arrivants sur le marché du travail seront plus nombreux cette année que l’an dernier.

Avec cette prévision, l’Insee se range plutôt dans le camp des optimistes : non le cycle de croissance n’est pas à bout de souffle…