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Finances publiques

La CE prête à accorder un nouveau délai à Paris pour son déficit

Le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, s'est félicité vendredi dans un communiqué que Bruxelles "propose de donner une flexibilité pour le calendrier de retour sous 3% pour mieux prendre en compte les risques sur la conjoncture économique."

Le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, s'est félicité vendredi dans un communiqué que Bruxelles "propose de donner une flexibilité pour le calendrier de retour sous 3% pour mieux prendre en compte les risques sur la conjoncture économique." - -

La Commission européenne a évoqué ce vendredi, un délai de deux ans à la France, pour lui permettre de rentrer dans ses objectifs de déficit.

La Commission européenne s'est déclarée vendredi prête à donner deux ans à la France, jusqu'en 2015, pour ramener le déficit de ses finances publiques sous 3% du PIB pour tenir compte d'une situation économique qui reste dégradée dans l'Union européenne. Le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a évoqué un tel report lors de la présentation de nouvelles prévisions de croissance 2013 et 2014 revues en baisse pour tous les pays membres de l'UE. « Considérant la situation économique, il peut être raisonnable d'étendre la date limite de deux ans et de corriger le déficit excessif au plus tard d'ici 2015 en France », a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Moscovici ravi

Le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, s'est félicité dans un communiqué que Bruxelles « propose de donner une flexibilité pour le calendrier de retour sous 3% pour mieux prendre en compte les risques sur la conjoncture économique. Le gouvernement maintient le cap du sérieux budgétaire et des réformes, et confirme son objectif d'amélioration de ses comptes publics », a-t-il ajouté dans un communiqué. « En revanche, il réaffirme que les efforts de réduction des déficits ne doivent pas pénaliser la croissance ».

Des prévisions « trop optimistes »

La Commission prévoit désormais une baisse de 0,1% du PIB de la France en 2013 et une croissance de 1,1% en 2014. A politique inchangée, le déficit public de la France devrait s'établir à 3,9% du PIB fin 2013 et à 4,2% l'an prochain. Lors de la présentation de ses précédentes prévisions, en février, Olli Rehn avait ouvert la porte à un report d'un an, à 2014, de l'objectif de déficit public de 3% que Paris aurait dû atteindre dès 2013. Le gouvernement français en a tenu compte dans le programme de stabilité présenté début avril en tirant un trait sur les 3% pour 2013, invoquant la nécessité de ne pas pénaliser encore plus une activité stagnante par un excès d'austérité budgétaire. Il a calé ce programme sur la base des prévisions européennes de février - +0,1% en 2013 et +1,2% en 2014 - qu'Olli Rehn estime aujourd'hui « trop optimistes », notamment en termes de contribution de la demande intérieure (consommation et investissement), à la croissance. Si celle-ci n'est pas au rendez-vous, « on n'a aucune raison de sur-ajuster pour arriver à 3% en 2014 », a déclaré une source proche du ministère de l'Economie, en reprenant l'argument déjà avancé pour 2013.

Avant la Commission européenne, le FMI (-0,1%) et un panel d'économistes interrogés par Reuters (-0,2%) anticipaient déjà une contraction de l'économie française en 2013 et ne prévoyaient pas plus de respectivement 0,8% et 0,9% de croissance pour 2014. Pour justifier son anticipation d'un déficit à 4,2% en 2014, la Commission a souligné qu'une partie des mesures destinées à financer le crédit d'impôt compétitivité-emploi pour les entreprises « doivent encore être spécifiées en détail » et que le gouvernement doit préciser comment il compensera un certain nombre de recettes fiscales ponctuelles de 2013.

« Des réformes substantielles »

Toujours selon Bruxelles, l'endettement de la France, qui s'est élevé à 90,2% du PIB en 2012, croîtrait pour atteindre 94,0% en 2013 et 96,2% en 2014. Le chômage continuerait à augmenter, à 10,6% de la population active en 2013 et 10,9% en 2014, après 10,2% en 2012. S'il a insisté sur la poursuite nécessaire de l'effort de consolidation budgétaire, Olli Rehn a estimé qu'il était « au moins aussi important » pour la France d'aller de l'avant dans les réformes structurelles pour libérer son potentiel de croissance. Au vu de la détérioration continue de la compétitivité de la France, « une stratégie budgétaire crédible de moyen terme doit être complétée par des réformes substantielles du marché du travail, du système de retraite et en matière d'ouverture de marchés », a-t-il indiqué. « C'est essentiel pour libérer le potentiel de croissance dont la France a tant besoin, pour permettre une amélioration de l'emploi dont le France a tant besoin ».