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La croissance plafonne au deuxième trimestre

L'activité dans le secteur privé a été tirée par le dynamisme des services.

L'activité dans le secteur privé a été tirée par le dynamisme des services. - -

Selon une première estimation de l’Insee, la croissance de l'économie française marque le pas à 0,2% au deuxième trimestre, en raison notamment d'un ralentissement de la consommation des ménages.

Un deuxième trimestre au ralenti pour l’économie française. Selon une première estimation de l’Insee publiée mardi, la croissance économique tricolore a plafonné à 0,2% entre avril et juin. Un chiffre inférieur à ce qui avait été prédit le mois dernier par l'organisme public, qui pariait alors sur une croissance de 0,3%, identique à celle du premier trimestre. Il est en revanche conforme à la dernière estimation de la Banque de France.

La faible consommation des ménages (+0,2% contre +0,4% entre janvier et mars) explique en grande partie ce résultat – malgré les gains de pouvoir d'achat liés aux mesures d'urgence venues répondre à la crise des « gilets jaunes ».

La consommation en biens est restée atone (0% après +0,1%), tandis que celle de services a décéléré (+0,3% après +0,6%), en raison de « moindres dépenses » dans l'hébergement et la restauration. En juin, elle recule même de 0,1%. Les dépenses en biens fabriqués reculent (-0,3%) mais celles en énergie restent dynamiques (+0,8%) « en raison des températures inférieures aux normales en mai ».

>> A regarder, l'analyse de Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des Économistes

Les mesures de pouvoir d’achat (qui devrait progresser de plus de 2%, une première depuis 2006) prises par le gouvernement tardent en effet à se voir dans les chiffres, les Français étant encore sceptiques et préférant épargner compte tenu des incertitudes mondiales. Le taux d'épargne (proche de 15%) est d'ailleurs au plus haut.

L'investissement, au contraire, est venu soutenir l’activité au deuxième trimestre. Il a accéléré de 0,9% entre avril et juin, après avoir augmenté de 0,5% au premier trimestre, grâce à l'investissement des entreprises, à nouveau très dynamique (+1,2% après +0,7%), estime l’Insee.

Le commerce extérieur, lui, est resté neutre sur la croissance, alors qu'il l'avait pénalisée de 0,3 point au premier trimestre : les exportations progressent de 0,2%, tandis que les importations marquent le pas (+0,1% après +1,1%).

Des perspectives incertaines

Avec ces résultats, l'acquis de croissance – soit le niveau que le PIB atteindrait à la fin de l'année si la croissance restait nulle au cours du prochain semestre – était de 1% au 30 juin dernier. Ce niveau rend incertain l'atteinte des objectifs fixés par le gouvernement, qui prévoit une croissance de 1,4% pour 2019, en repli de 0,3 point par rapport à son scénario initial.

Selon la Banque de France, mais aussi selon l'OCDE, le FMI et la Commission européenne, l'activité économique devrait progresser de 1,3% cette année, contre 1,7% en 2018.

Reste à savoir si les incertitudes mondiales et le ralentissement européen ne vont pas modifier ce scénario. « Le contexte mondial n'est pas bon, c'est clair. Mais il y a des ressorts internes en France » qui permettent à l'économie hexagonale de « résister », estime de son côté Eric Heyer, chercheur à l'OFCE, qui rappelle que la confiance des ménages et le climat des affaires restent bien orientés.

La croissance française « autour de 1,2 – 1,3% est sur sa tendance. Ce sera une bonne performance dans un environnement international dégradé », estime de même Philippe Waechter, directeur de la recherche économique d'Ostrum Asset Management.

La rédaction