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La France attend Bruxelles pour réviser sa croissance

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par Emmanuel Jarry PARIS (Reuters) - Le gouvernement français s'oriente vers des réformes structurelles plutôt que vers une nouvelle série de taxes...

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le gouvernement français s'oriente vers des réformes structurelles plutôt que vers une nouvelle série de taxes ponctuelles si de nouvelles mesures sont nécessaires pour tenir ses engagements de réduction des déficits publics, ont déclaré mercredi des responsables de l'UMP.

Paris attend cependant de connaître le résultat des tractations européennes sur une solution à la crise de l'euro pour réviser ses prévisions de croissance et prendre des décisions en conséquence.

Le gouvernement s'est dit prêt à prendre de nouvelles dispositions pour compenser l'impact d'une croissance inférieure à sa prévision actuelle (+1,75%).

"Il n'est pas question de faire un deuxième 'plan Fillon'", a déclaré le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, en faisant référence à la dizaine de milliards d'euros de prélèvements supplémentaires annoncée en urgence en août par le Premier ministre.

"Il y a des mesures qui relèvent de l'urgence et d'autres de réformes de structure", a-t-il ajouté lors de son point de presse hebdomadaire.

Selon un autre responsable de l'UMP, c'est vers ces secondes que se dirige le gouvernement.

"Ça ne peut pas être un concours Lépine de la taxe supplémentaire sur un produit ou un autre. On ne va pas taxer les sacs en plastique après avoir taxé les canettes", dit-il.

"Il faut quelque chose de puissant et de structurel. Il faut que les sommes soient significatives et que ça montre un vrai effort du pays", ajoute ce responsable.

Des pistes sont sur la table, a dit Jean-François Copé, sans les préciser.

"C'est une question de tempo. Aujourd'hui, c'est la question de l'euro", a-t-il ajouté en faisant allusion au sommet européen qui devait tenter mercredi soir de s'accorder sur une solution à la crise de la dette dans la zone euro.

CURSEUR DIFFICILE À PLACER

La ministre du Budget, Valérie Pécresse, a souligné que le gouvernement souhaitait avoir "une vision plus claire, plus stabilisée des perspectives de la zone euro" avant de réviser les prévisions de croissance françaises.

Ainsi, un accord stabilisant la zone euro ne manquerait pas, par exemple, d'avoir un impact sur les anticipations d'épargne et de pouvoir d'achat des Français, donc sur leur consommation, un des moteurs de la croissance en France.

Valérie Pécresse a aussi dit vouloir prendre en compte les indicateurs économiques qui seront publiés dans les prochains jours, comme l'évolution du PIB au troisième trimestre.

"Si nous estimons que l'évolution de la situation économique le nécessite, notre engagement intangible étant celui de la réduction des déficits, nous prendrons les mesures nécessaires", a-t-elle ajouté.

Selon des parlementaires UMP, une des pistes envisagées serait la mise en place d'un taux de TVA intermédiaire, entre le taux réduit de 5,5% et le taux normal de 19,6%.

Le député UMP Gilles Carrez, rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, était même favorable à ce qu'une mesure de ce type soit annoncée dès le mois d'août dernier.

La mise en place d'un taux intermédiaire "aurait l'intérêt de rapporter des financements et de s'inscrire dans la réforme fiscale que nous devrons faire, quels que soient les résultats des élections en 2012", explique-t-il.

"Une TVA à taux intermédiaire donnerait une impression de cohérence, en particulier face à l'avenir", ajoute-t-il.

Une autre piste pourrait consister à revenir sur les allègements de charges liés à la semaine de 35 heures.

En tout état de cause, pour le secrétaire général adjoint de l'UMP Hervé Novelli, il ne s'agit pas seulement de chercher des recettes en plus mais aussi de réduire les dépenses.

Le curseur sera cependant d'autant plus difficile à placer que toute nouvelle mesure de réduction des dépenses de l'Etat risque de peser sur la croissance, donc sur le chômage, qui est reparti à la hausse et sera une des clefs de la présidentielle.

Nicolas Sarkozy aura l'occasion d'évoquer le sujet lors d'une intervention jeudi soir sur TF1 et France 2.

"Pour l'instant, tout le monde bloque sa respiration. S'il y a une solution ce soir (à Bruxelles), tout le monde pourra respirer", souligne un haut responsable de l'UMP.

Avec Emile Picy, édité par Patrick Vignal