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Finances publiques

La France aura bientôt son Pentagone pour 4,3 milliards d'euros

Le nouveau ministère de la Défense de Balard à Paris accueillera ses premiers occupants en mai 2015

Le nouveau ministère de la Défense de Balard à Paris accueillera ses premiers occupants en mai 2015 - AFP Bertrand Guay

Lancée en 2011, le projet de nouveau ministère de la Défense, dans le quartier Balard à Paris, arrive à terme. Les premiers bâtiments devraient être livrés par Bouygues le 28 février. Il en coûtera au final plus de 4,3 milliards d'euros aux contribuables.

C'est le 28 février, avec cinq mois de retard sur le calendrier, que les militaires devraient prendre possession des premiers bâtiments du "Pentagone à la française", c'est à dire le nouveau ministère de la Défense situé porte Balard dans le XVème arrondissement de Paris.

Les premiers militaires et fonctionnaires du ministère devraient arriver en mai et les derniers début 2017. Mais dès cette année, les états-majors des trois armes y seront installés. Seul, le ministre de la Défense et son cabinet resteront dans le vénérable Hôtel de Brienne, dans le VIIème arrondissement de la capitale. 

Ce Pentagone version française doit regrouper à terme l'ensemble du commandement de l'armée française ainsi que les services centraux de la Défense. En tout 9.300 militaires et civils actuellement dispersés dans 17 implantations dans Paris, dont l'actuel ministère "historique" du Boulevard Saint Germain. 

Un déménagement à 10 millions d'euros

Au total, le coût de cette opération doit atteindre 4,3 milliards d'euros pour l'Etat. Sans compter 10 millions d'euros de frais de déménagement. Pas vraiment donné en période d'économies budgétaires. 

Faute de crédits suffisants, le gouvernement Fillon avait d'ailleurs choisi en mai 2011 la formule pourtant contestée pour son coût d'un partenariat public-privé (PPP). Un consortium d'entreprises menées par Bouygues a assuré la construction et va prendre en charge la maintenance et l'entretien du site pendant 27 ans. En contrepartie, l'Etat paiera un loyer annuel de 154 millions d'euros dès 2015.

Le ministère de la Défense financera en partie ce loyer par la vente des 17 bâtiments qui seront progressivement libérés par les militaires. Le ministère espère au minimum 600 millions d'euros de ces ventes dont 230 millions dès 2015. 

Mais il mise aussi sur des économies d'échelle résultant du regroupement des personnels. Ainsi 1.363 emplois publics seront supprimés à la Défense en raison de l'externalisation de certaines activités d'entretien du nouveau ministère. La construction sur une parcelle voisine de 90.000 m2 de bureaux par Bouygues, qui en touchera les loyers pendant 60 ans, doit permettre d'équilibrer l'opération. 

"Un modèle" pour Jean-Yves Le Drian

"Un modèle pour la maîtrise des dépenses". C'est ainsi que Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, a qualifié l'opération lors d'une visite du chantier le 16 janvier dernier. Pourtant, en 2012, alors porte-parole du candidat François Hollande, l'actuel ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve n'avait pas de mot assez durs contre le projet, et plus généralement contre les partenariats public-privé.

Il estimait que le coût de fonctionnement par agent du ministère passerait de 13.000 à 16.500 euros par an à Balard. Au lendemain de l'élection présidentielle, le gouvernement Ayrault avait même envisagé de renoncer à cette opération. 

Valls vante les PPP

Mais depuis, les socialistes ont visiblement mis de l'eau dans leur vin, si l'on en juge par les propos du ministre de la Défense. Les PPP ne seraient plus aussi désavantageux pour les contribuables et aussi profitable pour les groupes privés.

En septembre, c'est Manuel Valls lui-même qui annonçait vouloir relancer les partenariats public-privé en inaugurant le Viaduc de Saint-Romain-la-Virée, en Gironde. "Ce montage est un bon exemple de ce dont nous sommes capables. La France, pour retrouver de la croissance et donc des emplois doit impérativement relancer l’investissement public comme privé, et notamment dans le secteur des travaux publics et de la construction", avait-il lancé alors. Le débat sur l'intérêt des PPP semble clos. Pour l'instant.

Le nouveau ministère en chiffres

> 4,3 milliards d'euros de coût dont 154 millions de loyers annuels versés jusqu'en 2041

> 9.300 militaires et fonctionnaires dont 3.700 dans les états-majors

> 420.000 m2 de bâtiments comportant 1.000 km de fibres optiques

> 12 sites du ministère vendus en contrepartie

> 10 millions d'euros de dépenses de déménagement

Patrick Coquidé