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Finances publiques

La France, championne d'Europe des aides aux chômeurs? Une idée reçue

Le Trésor rappelle qu'en France, contrairement à d'autres pays, "le revenu de remplacement des demandeurs d'emploi provient principalement des allocations chômage".

Le Trésor rappelle qu'en France, contrairement à d'autres pays, "le revenu de remplacement des demandeurs d'emploi provient principalement des allocations chômage". - Philippe Huguen - AFP

Comparés à ceux de 16 autres pays européens, les revenus de remplacement des demandeurs d'emplois français ne sont pas particulièrement généreux, souligne Bercy dans une note parue ce mercredi.

La France n'est pas particulièrement généreuse envers ses chômeurs, selon une note du Trésor diffusée mercredi, qui a comparé les taux de remplacement nets dans 16 pays européens.

La direction générale du Trésor, qui dépend de Bercy, a comparé, dans ces pays, les revenus de remplacement accordés aux chômeurs en 2014. Mais elle ne s'est pas bornée aux seules allocations chômage et a tenu compte des autres allocations (logement, familiales...) et réductions d'impôt, dont bénéficient spécifiquement les demandeurs d'emploi dans certains pays.

La France en-dessous de la moyenne

Cette analyse "révèle que, en moyenne, la France ne se singularise pas dans le paysage européen", selon le Trésor.

En France, les chômeurs bénéficient, en début d'indemnisation, d'un taux de remplacement net moyen (après cotisations et impôts) de 67% par rapport à leur ancien salaire, soit un niveau comparable à la Belgique (68%), l'Allemagne (67%), l'Irlande (67%), la Norvège et l'Italie (66%) et légèrement inférieur à la moyenne des pays testés (69%).

Les ex-revenus élevés mieux traités

C'est nettement moins qu'au Luxembourg (87%), au Danemark (84%), en Suisse (77%), en Finlande (76%), au Portugal (74%) et aux Pays-Bas (71%). Seuls l'Autriche (64%), l'Espagne (61%), la Suède (56%) et le Royaume-Uni (54%) sont moins généreux que la France.

Le système français est, en revanche, le pays le plus favorable aux chômeurs qui ont perdu un salaire élevé (supérieur à deux fois le salaire moyen). Leur taux de remplacement net est en moyenne de 68% en début d'indemnisation, soit 20 points de plus que le taux moyen de l'échantillon (48%). Mais ces derniers, et leurs employeurs, cotisent aussi à proportion de l'indemnité qui doit, le cas échéant, leur être versée.

Autre spécificité française: "le revenu de remplacement des demandeurs d'emploi provient principalement des allocations chômage", contrairement à d'autres pays, où il est principalement lié à d'autres transferts sociaux ou à des baisses d'impôts.

Le taux de remplacement chute plus vite qu'ailleurs

En Allemagne, "ce sont surtout les exonérations d'impôts qui contribuent à accroître le revenu des demandeurs d'emploi", et au Royaume-Uni, les autres aides, notamment familiales, sont prépondérantes.

En France, au bout de deux années d'indemnisation, quand beaucoup de demandeurs d'emplois arrivent en fin de droits, "le taux de remplacement net chute fortement". Ainsi, dans le cas d'un couple avec deux enfants, dont un seul membre travaille, pour un revenu égal au salaire moyen, le taux passe à environ 55%, "un niveau très en-dessous de ce qui est observé dans la majeure partie des autres pays".

N.G. avec AFP