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La France prête à d'autres mesures face à une croissance grippée

Les ministres de l'Economie, François Baroin, et du Budget, Valérie Pécresse, pourrait avoir à définir de nouvelles mesures de redressement budgétaire pour l'année prochaine, la France étant prête à abaisser sa prévision de croissance jugée trop élevée fa

Les ministres de l'Economie, François Baroin, et du Budget, Valérie Pécresse, pourrait avoir à définir de nouvelles mesures de redressement budgétaire pour l'année prochaine, la France étant prête à abaisser sa prévision de croissance jugée trop élevée fa - -

PARIS (Reuters) - Les autorités françaises sont prêtes à abaisser leur prévision de croissance pour 2012, jugée trop élevée face au ralentissement...

PARIS (Reuters) - Les autorités françaises sont prêtes à abaisser leur prévision de croissance pour 2012, jugée trop élevée face au ralentissement économique mondial, et donc à prévoir d'autres mesures de redressement budgétaire pour l'an prochain.

Largement attendue, la perspective de mesures d'économies ou de recettes supplémentaires en 2012 ne fait qu'anticiper la remise à plat du budget prévue après les élections présidentielle et législatives du printemps, quelle qu'en soit l'issue.

Le gouvernement avait surpris en choisissant en août de conserver sa prévision d'une croissance de 1,75% l'an prochain, tout en abaissant sa prévision pour 2011, une décision que des responsables français avaient justifiée par la volonté de ne pas afficher un "pessimisme" excessif, dans un climat de forte anxiété liée à la crise des dettes souveraines en zone euro.

A titre de comparaison, le consensus Reuters des économistes voit la croissance française à 0,9% ou 1,0% en 2012, Deutsche Bank prévoyant par exemple un très faible +0,3%.

Le ministre des Finances, François Baroin, a reconnu mardi que l'objectif actuel est "probablement trop élevé" et il s'est dit prêt à d'autres mesures pour tenir les engagements de réduction du déficit public.

Parmi les facteurs expliquant ces déclarations, la confirmation du ralentissement économique mondial qui transparaît dans les indicateurs récents et l'annonce par Moody's qu'elle évaluait la perspective stable associée à la note souveraine française, le fameux "triple A".

L'Allemagne a elle abaissé cette semaine de près de moitié sa prévision de croissance pour 2012, attendant désormais 1,0% au lieu de 1,8%. Le ministre allemand de l'Economie, Philipp Rösler, a expliqué que "le rythme d'expansion a ralenti, comme on s'y attendait".

PRESSION ACCRUE DES MARCHÉS

La pression des marchés financiers s'est nettement accentuée sur la France depuis l'annonce de Moody's.

Le rendement des obligations d'Etat à 10 ans a fortement progressé, dépassant 3,2% vendredi alors qu'il était de 2,6% début octobre. L'écart de rendement avec la dette allemande (le "spread") a encore augmenté pour dépasser 120 points de base (ou 1,2 point de pourcentage) en séance, battant les plus hauts de 19 ans enregistrés cette semaine.

Aucune piste n'a encore été dévoilée concernant d'éventuelles mesures supplémentaires pour tenir la réduction du déficit promise par la France, soit 4,5% fin 2012 après 5,7% fin 2011. Le gouvernement a juste promis de ne pas toucher aux dispositifs qu'il considère utiles pour soutenir l'emploi, la consommation et donc la croissance.

François Baroin a expliqué qu'"on a encore suffisamment de niches fiscales, s'il le faut, nous continuerons de les supprimer". Ces centaines de dispositions fiscales dérogatoires amputent les recettes publiques de dizaines de milliards d'euros chaque année.

Des personnalités de la majorité, dont le rapporteur de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Gilles Carrez, un des plus grands experts du budget au Parlement, soulignent que trouver 5 milliards d'euros ou plus l'an prochain, sur une dépense publique d'environ 1.000 milliards d'euros, ne poserait pas de problème.

Les députés qui examinent actuellement le projet de budget pour 2012 ont toutefois rejeté des amendements socialistes qui supprimaient 10 à 15 milliards d'euros de niches fiscales supplémentaires l'an prochain.

Une étude de l'agence de notation Standard & Poor's diffusée vendredi souligne le risque que fait peser sur les Etats un éventuel retour de la récession dans la zone euro. Le scénario d'une récession en W pourrait ainsi entraîner l'agence à dégrader de deux crans les notes du Portugal, de l'Italie et de l'Espagne, la note française passant elle de AAA à AA+.

Un responsable de Fitch a quant à lui déclaré vendredi que l'agence n'envisageait pas d'abaisser la note souveraine de la France. "Nous n'avons aucun projet de déclassement de la France", a dit David Riley, chargé de la notes des dettes souveraines, à des journalistes.

Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse