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Economie et Social

La hausse du pouvoir d'achat dope la consommation des ménages... et leur épargne

Entre juillet et septembre, l'économie française a résisté face au ralentissement mondial et donc à la baisse des exportations avec +0,3% de croissance.

La résistance de l'économie française se confirme au troisième trimestre. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a bien été de 0,3%, la bonne nouvelle venant des dépenses de consommation des ménages qui accélèrent, progressant de 0,4%, selon la deuxième estimation de l'Insee publiée ce vendredi, contre +0,2% au deuxième trimestre et +0,3% au premier trimestre. Il s'agit donc de la meilleure performance de l'année.

Cette consommation a été dopée par l'accélération du pouvoir d'achat, en hausse de 0,6%, contre 0,5% au trimestre précédent, due aux 17 milliards d'euros de mesures post-gilets jaunes mises en place par le gouvernement. Dans le même temps, le revenu disponible brut (RDB) des ménages accélère: +0,8% après +0,2%.

Pour autant, comme depuis quelques trimestres, compte tenu de cette hausse du pouvoir d'achat, la consommation peut décevoir. Les Français continuent en effet à orienter une partie de ce nouveau pouvoir d'achat vers l'épargne. "La consommation des ménages en volume progresse mais de façon moins dynamique que le pouvoir d’achat", résume l'Insee. Ainsi, le taux d'épargne des ménages est resté à haut niveau à 14,8% après 14,6% au deuxième trimestre et 15% au premier. Si ce taux d'épargne est porté par la santé du marché immobilier, qui bat record sur record, l'Insee constate aussi que le taux d'épargne financière (c'est-à-dire hors logement) a également tendance à progresser, passant de 3,7% début 2017 à 4,3% au dernier trimestre.

Des entreprises moins prudentes que les ménages

Sur le plateau des Experts sur BFM Business ce vendredi, Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE commente: "Aujourd'hui, c'est (le pouvoir d'achat, NDLR) plutôt allé dans l'épargne mais attention: est-ce que ça va être consommé un jour? C'est une bonne question. Une hausse du taux d'épargne, on ne le voit pas qu'en France, donc ce n'est pas forcément le fait de la relance". Et de poursuivre: "il y a un agent qui est relativement pessimiste, parce qu'il fait de l'épargne de précaution, ce sont les ménages, ils consomment beaucoup moins que la hausse de leur pouvoir d'achat. Et un agent qui est extrêmement optimiste, ce sont les entreprises qui continuent à investir massivement".

Ces bons résultats dans un contexte de ralentissement de la croissance en Europe sont obtenus malgré une contribution négative du commerce extérieur au PIB, de 0,2 point de pourcentage, les exportations étant touchées par les guerres commerciales et le ralentissement du commerce mondial.

Et pour Eric Heyer, ces bons résultats pourraient être même révisés à terme à la hausse: "il y a quand même beaucoup de créations d'emplois (...) et il y a plus de recettes de TVA qu'anticipé. On peut avoir de bonnes surprises", c'est à dire une croissance annuelle à 1,4% cette année et pas 1,3%.

Enfin, "le déficit public se réduit fortement" à 2,5% du PIB, contre 3,1% au trimestre précédent, en profitant du dynamisme des recettes des administrations publiques, en hausse de 1,4%, contre 0,7% au deuxième trimestre, toujours selon l'Insee, tandis que les recettes accélèrent (+1,4% après +0,7%) principalement du fait du dynamisme de l’impôt sur les sociétés après de faibles recettes au deuxième trimestre. 

Olivier Chicheportiche